Lago, une petite ville-frontière du Sud-Ouest américain. Un étranger, tout vêtu de noir, y fait son entrée. Chacun se demande qui il est. Trois jeunes cow-boys le provoquent aussitôt. Il les abat tous les trois en un tour de main.
Les villageois lui demandent alors de défendre leur ville contre trois hors-la-loi qui ont juré de la mettre à feu et à sang. Ils ont purgé une peine de prison par leur faute ! L'étranger accepte et fait alors régner sa propre loi sur Lago il devient un tyran, mais dénonce l'hypocrisie et le conformisme social et moral des villageois. Il nomme shérif le nain Mordecai, puis ordonne aux habitants de peindre leur ville en rouge et la rebaptise "enfer". L'étranger est obsédé par un rêve dans lequel trois hommes fouettent à mort un autre homme. L'étranger réquisitionne l'hôtel de ville, prend ses aises, puis ordonne qu'un banquet soit préparé dans les rues de la ville. Il part.
Les trois ex-forçats entrent en ville, déjouent l'embuscade prévue et terrorisent les habitants. L'étranger réapparaît dans le village en flammes, la nuit : le premier hors-la-loi est fouetté à mort le second pendu et le troisième abattu. Le lendemain, l'étranger s'en va. Il était la réincarnation (le frère dans les versions doublées) du shérif, Jim Dunan, fouetté à mort par les trois hors-la-loi, sous les yeux de la communauté qui n'est pas intervenue.
Pour l'ouverture de son premier western, Eastwood s'inspire très explicitement d' Il était une fois dans l'ouest (Sergio Leone, 1969). L'image fait la part belle aux plans en plongée et aux variations de l'échelle des plans, du très gros plan au plan large. Mais c'est surtout la lente progression dramatique entretenue seulement par des sons qui est flagrante : les pas du cheval, les cris des mouettes, un coup de fouet, les bruits du vent, des éperons, interjection d'un cocher, sont les seuls sons entendus pendant les sept premières minutes avant la demande au saloon : "une bière".
La structure globale du film avec ses flashes-back espacés révélant le lynchage du shérif rappelle aussi celle du film de Léone dont les flashes-back espacés révèlent la pendaison du frère. Il s'agit donc d'une même histoire de vengeance. Eastwood se fait volontiers plus métaphysique. L'apparition de l'étranger, surgi du néant lors du générique initial et y retournant lors du générique final, indique assez nettement que l'étranger est le shérif Jim Duncan revenu des morts, de l'enfer, pour se venger. La version originale le dit explicitement dans ses neuf derniers plans:
1 - Sur l'arrière-plan des maisons rouges, l'étranger s'approche de Mordecai qui grave une tombe au cimetière et qui lui dit ; Je termine (I'm just about done here).
2 - Contrechamp muet sur l'étranger
3 - Votre nom, c'est quoi ? (I never did know your name)
4 - Tu le sais (Yes, You do.)
5 - Regard effaré de Mordecai
6 - Bonne chance (Take care)
7 - Merci, mon capitaine (Yes, sir, captain)
8 - L'étranger s'éloigne avec un léger travelling circulaire et un zoom avant sur la tombe où est gravé le nom de Jim Duncan
9 - Sur les hautes plaines, l'étranger s'éloigne et disparait. Générique
En revanche les versions doublées (française mais aussi espagnole ou italienne) ne retiennent qu'une option édulcorée de cette vengeance divine. Les dialogues deviennent
1 - J'ai presque terminé.
3 J'n'ai jamais su votre nom
4 - "C'est celui que tu graves..."
5 - et, hors champs, sur le regard effaré de Mordecai, "...celui de mon frère".
6 - "Prends en soin"
7"- "Oui chef, à vos ordres.
La version allemande donne même le nom du "frère" : George Duncan.