Denise, une jeune provinciale, arrive à Paris pour s'installer chez son oncle Baudu, propriétaire de la poussiéreuse boutique de draperies "Au Vieil Elbeuf", face au grand magasin "Au Bonheur des Dames", tenu par Octave Mouret.
Mais son oncle, écrasé par "l'avance du progrès", est criblé de dettes. De plus, il doit subvenir aux besoins de sa fille Geneviève, atteinte de pneumonie, et de son futur gendre, Colomban. Denise, fascinée par "Le Temple de la tentation", décide d'aller travailler chez le rival de son oncle. Jouve, le chef du personnel à l'il concupiscent, lui propose une place de mannequin. Sur le point d'être renvoyée après une altercation avec Clara, qu'elle a vue par la fenêtre séduire Colomban, Denise est engagée grâce à Mouret. De loin, il a apprécié ses formes...
Tandis qu'il projette de racheter tout le quartier pour agrandir son empire, avec la complicité de sa maîtresse Mme Desforges et du banquier Hartmann, il tente en vain de séduire Denise. Les démolitions commencent autour du "Vieil Elbeuf". Denise est malmenée par Clara, par Jouve qui tente de la violer, et par Mme Desforges qui, jalouse, l'humilie devant Mouret pendant un défilé. Ce dernier, sincèrement amoureux de la jeune fille, lui avoue ses sentiments au cours de la journée offerte à ses employés à L'Isle-Adam. Denise accepte son amour.
Colomban, qui a perdu la tête pour Clara, quitte Geneviève, effondrée de douleur. À la demande de la mourante, Denise ramène Colomban qui se repent, mais trop tard : Geneviève meurt. Mouret, inquiet de l'absence de Denise au magasin, a assisté à la scène. Le vieux Baudu, fou de rage, le chasse, comme ses huissiers venus lui signifier l'expulsion. Il trébuche, s'ouvre le front, se relève, prend un revolver, traverse la rue et entre au "Bonheur des Dames". Il y sème la panique, tue Jouve et une cliente, mais ne parvient pas à tuer Mouret. Il s'échappe. Au moment où on tente de le maîtriser, il est écrasé par un camion de livraison du "Bonheur des Dames".
Denise se retrouve seule dans la boutique vide. Mouret, malheureux et abandonné par Hartmann et Mme Desforges, est prêt à démissionner. Il tente de revoir Denise et lui propose la vie à deux. Comprenant enfin la marche inéluctable du progrès, elle l'encourage à ne pas renoncer à l'uvre de sa vie et accepte sa proposition.
La version originelle muette est présentée à la profession le 24 mars 1930. Le film sort en salle dans une version sonorisée le 3 juillet. Seule la première version, muette, survit aujourd'hui.
Le monde change sans nostalgie avec les grands magasins comme cathédrales de temps moderne et une mutation qui laisse sur le carreau les petits métiers d'autrefois. Zola s'est inspiré de Auguste Heriot, co-fondateur des Grands magasins du Louvre dont il fait un homme moderne sans scrupule mais non sans charme.
Heriot avait loué le rez-de-chaussée de l'hôtel du Louvre en 1855 pour créer Les galeries du Louvre. En 1875, il rachète l'ensemble de l'immeuble de la rue de Rivoli pour créer Les grands magasins du Louvre. Le bâtiment est occupé aujourd'hui par le Louvre des antiquaires.
Duvivier transpose ce Paris en pleine mutation dans les années 20 où la mécanisation accentue encore la modification des rapports sociaux et l'émergence de ce monde meilleur tant attendu et que la caméra exalte avec ses travellings vertigineux et son dynamisme qui plonge dans la foule ou au coeur du trafic.
Duvivier utilise les décors des galeries Lafayette. L'extérieur de l'immeuble est filmé avec le procédé "mach shot", conçu par l'anglais Percy Day qui consiste à filmer, pour une partie du décor, un modèle réduit haut de quelques centimètres.
La fin, fleur bleue, avait été choisie par Zola. Elle est reprise par Duvivier.
Source : Serge Bromberg sur le DVD ci-dessous.