Adèle une jeune trentenaire se fait quitter par Mathieu, l'amour de sa vie. Anéantie, suffoquée, Adèle ne veut plus qu'une chose : mourir.
Rachel, une cousine éloignée, la prend en charge. Elle décide d'aider Adèle en essayant de lui trouver du travail, de lui redonner goût à la vie et de la conseiller sentimentalement. Son principal conseil : coucher avec d'autres hommes afin de désacraliser cette histoire... À son corps et cur défendant, Adèle part au combat..
Actrice-réalisatrice, c'est d'abord les postures de son corps, les mimiques de son visage que Valérie Donzelli met en scène. A l'aise dans son personnage de trentenaire naïve, souvent bienheureuse, parfois en proie à des crises de désespoir, elle reste hétérogène aux milieux sociaux qu'elle décrit. Hétérogène au monde du commerce qui lui refuse un chèque de quinze euros signé par son copain dont elle a pourtant la pièce d'identité avec elle, hétérogène au monde du travail de sa cousine Rachel, hétérogène aux désirs masculins des Mathieu, Pierre, Jacques ou Paul.
En ce sens l'interprétation par le même comédien des quatre personnages masculins, tous apparemment différents mais, en fait, répondant semblablement au désir d'Adèle de ne plus être seule est une excellente idée, s'inscrivant dans les performances transformatrices de nombre de films burlesques.
Si la comédie porte une morale, un "message" ce pourrait être celui énoncé par Pierre au début. Lorsque tout va mal, il peut être utile de commencer par reconnaître ses défauts. C'est un nécessaire processus intellectuel qui ne se confond pas avec celui, sentimental, de l'auto flagellation. Au bout du chemin, Adèle sortira de sa confrontation entre elle-même et le monde pour voir enfin Pierre différent d'un clone des autres hommes.
Projet cohérent donc tout comme la belle utilisation des décors, subtilement géométriques. On espère que Valérie Donzelli saura maintenir son personnage en le confrontant peut-être un peu plus avec le manque de poésie de notre société mercantile. Il n'est pourtant pas bien certain que Valérie Donzelli souhaite faire preuve de la moindre méchanceté.
Jean-Luc Lacuve, le 04/07/2010