Mark Wallace, un architecte anglais, et sa femme Joanna sont prêts à divorcer. Après douze ans de mariage, ils se remémorent leurs voyages annuels d'été de Londres à la Côte d'Azur.
Leur première rencontre sur le paquebot avait été si belle Il avait oublié son passeport. Elle l'avait retrouvé dans son sac. Plus tard, lui, pris en stop sur un tracteur, elle, avec de séduisantes chanteuses dans un minibus s'étaient croisés sur la route. La conductrice distraite par son charme était sortie de la route. Ils avaient alors continué le voyage ensemble. Mark s'intéressait surtout à la belle Jackie mais une épidémie de varicelle en avait décidé autrement et c'est avec Joanna qu'il avait continué le voyage. Se chamaillant sans cesse, ils s'aimèrent pourtant, une nuit dans un hôtel, une autre dans les buses d'un camion, une autre sur la plage avaient scellé leur amour. Ils se marièrent.
Deux ans plus tard, ils étaient partis en Triumph avec la famille Manchester : le psychiatre Howard, sa femme Cathy et Ruth, leur fille insupportable et mal élevée.
Ils partirent alors en MG, séduisante voiture de sport, capricieuse, tombant régulièrement en panne, jamais ils ne se disputèrent, pendant les quelques années qu'ils voyagèrent ainsi.
La dernière année de la MG, Joanna annonça qu'elle était enceinte, la voiture enfumée finit comme une épave devant un hôtel de luxe. Excédé des sommes à payer, ils poussèrent la voiture qui termina sa course dans un hangar. Heureusement Maurice et Françoise Dalbret les suivaient et payèrent les dégâts. Ils embauchèrent Mark comme architecte. Ce qui apparu comme une aubaine se transforma au fil des ans en cauchemar. Mark, de moins en moins présent, de moins en moins lui-même, délaissa Joanna pour suivre les ordres de son richissime patron.
Dès la naissance de leur fille Caroline, Mark, dans sa nouvelle voiture de sport rouge rencontre une belle blonde avec laquelle il trompe Joanna. La plage déserte de leur amour se bétonne de plus en plus les dîners et galas futiles occupent de plus en plus de place. Joanna a une liaison avec David, le frère de Françoise Dalbret. Ils sont découverts par Mark. Joanna revient. Mark se montre mufle mais sa chute dans la piscine sauve leur amour.
Et c'est le dernier voyage en Mercedes blanche. Joanna retrouve David à la fête mondaine des Dalbret. Mark conclut des contrats pour les Etats-Unis et pour Rome. La séparation semble cette fois inévitable. Pourtant, une nouvelle fois, malgré les souvenirs gâchés, malgré le constat de leur changement par la routine et les compromissions de la vie, ils s'avouent qu'ils s'aiment toujours. La voiture fait des bonds s'arrête mais continue.
Au matin, Mark a encore oublié son passeport à la frontière italienne. Joanna le retrouve une nouvelle fois. Ils s'embrassent en se chamaillant. La route n'a pas changé, eux si, mais leur amour reste vivant.
Somptueuse comédie sentimentale intercalant des épisodes dramatiques ou burlesques, Voyage à deux, agit comme un filtre magique qui nous ferait croire à la permanence de l'amour au sein du couple.
Servi par l'hallucinante Audrey Hepburn, icône de séduction, de charme, de finesse psychologique et d'énergie, il est difficile de résister à un tel message. La mise en scène de Stanley Donen vient pourtant sans cesse nous rappeler ce qu'a de miraculeux leurs réconciliations répétées.
Au sein d'une construction extrêmement libre où les véhicules (les différentes voitures mais aussi le paquebot vu de l'avion) sont prétextes à voyages dans le temps motivés par les associations d'idées des personnages, presque toutes les scènes sont admirables. Elles surgissent, sans lassitude ni répétition, comme des moments de bonheur purs extrait de la gangue du quotidien de la vie.
Mark s'interroge sur la plage pour remarquer qu'au moment où l'amour est comblé, il devient moins intéressant. "Parce qu'il est alors moins personnel" lui répond Joanna.
Et c'est probablement dans l'attention porté aux détails comme autant de souvenirs remarquables qui unissent à jamais leur complicité que le film excelle. Ces détails reviennent en effet souvent sous des formes différentes rappelant l'inquiétante étrangeté du monde (Freud est d'ailleurs cité lorsque Joanna croit avoir entendu un train traverser sa chambre dans la nuit. Mark la soupçonne alors d'être frustrée sexuellement... avant, qu'ayant ouvert la fenêtre de l'hôtel dans lequel ils étaient arrives exténués, ils ne découvrent qu'ils sont au bord d'une voie ferrée très fréquentée).
Le retour des objets fétiches est bien sur d'abord le fait des différentes voitures et du passeport oublié de Mark mais on trouve également les ufs (dans la bouche de Mark sous la voiture ou déclenchant le drame du changement d'hôtel), et les tenues extravagantes de Joanna.