De mai à juillet 2003, Raymond Depardon et son équipe ont obtenu l'autorisation exceptionnelle de filmer le déroulement des audiences de la 10e Chambre Correctionnelle de Paris. Dix ans après Délits flagrants, le cinéaste poursuit sa démarche en proposant ce nouveau documentaire citoyen, témoignage inédit sur le fonctionnement de la machine judiciaire. De la simple convocation pour conduite en état d'ivresse aux déférés de la nuit, il nous plonge dans le quotidien d'un tribunal : douze affaires, douze histoires d'hommes et de femmes qui se sont, un jour, retrouvés face à la justice.
Vision apaisée de la justice, pourtant rapide, des procès en correctionnel. La présidente, avec ses défauts, aime son métier et applique, me semble-t-il, une justice impartiale et sans animosité ni préjugés trop marquants. Les procureurs femmes s'en titrent moins bien, trop démonstratives et souvent incompréhensiblement haineuses.
La sympathie de Depardon va, comme à son habitude, aux plus fragiles, les justiciables :
"Nous sommes restés trois mois. Une personne sur sept environ a accepté de se laisser filmer. Je me sentais responsable de ces gens, que les circonstances rendent peu à l'aise. Je ne voulais pas trop les perturber.
On a posé des micros un peu partout. On a utilisé deux caméras, l'une tournée vers Michèle Bernard-Requin, l'autre filmant les gens à la barre. La meilleur place était déjà prise : c'est celle du procureur, la seule place qui permet d'avoir à la fois dans le champ la présidente et la barre ! On a essayé d'être le plus invisible possible.
Au début, je m'ennuyais un peu. J'ai pris des optiques plus serrées, contrairement à ma méthode habituelle. C'était intéressant, parce qu'avec les gros plans on sortait de l'écoute de l'autre de la neutralité, pour s'approcher de l'autobiographie, d'un récit vu par les prévenus, de l'intérieur."