Un corps sanguinolent parcouru par des mouches. Dans une cellule, un homme se pend. Sur une plage, un homme retenu par deux femmes s'avance vers la mer. Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle, la dure politique fiscale du Portugal appauvrit le peuple. Dans l'état du Minas Gerais, des intellectuels organisent un soulèvement contre le pouvoir colonial. Le sous lieutenant Tiradentes est l'instigateur de la rébellion qui compte cinq autres membres : le juge Gonzaga, poète à ses heures qui va bientôt se marier, son ami le poète Claudio, Alverenga qui vise le pouvoir une fois le Brésil débarrassé des portugais, le père Toledo, le colonel de Paula et le docteur Alvares Maciel.
Tiradentes, imprudent, fait part à Silverio qu'il va à Rio tenter de soulever les chefs de la rébellion dans la capitale. Silverio est un traître et s'en va tout raconter au Vicomte de Barbacena au pouvoir. Celui-ci décide ne pas annoncer la levée des impôts qui devait servir de déclencheur à l'insurrection populaire. Il fait arrêter les six comploteurs.
Ceux-ci se défendent. Ils se montrent d'abord solidaires avant d'exprimer clairement les dissensions au sein du groupe et de rejeter la responsabilité de la trahison sur les autres. Alvarenga ne supporte pas Tiradentes qu'il trouve tête brûlée, les théories industrielles du docteur Alvares Maciel laissent sceptiques et la vanité du colonel perplexes les autres conjurés.
La reine décide finalement de condamner Tiradentes à une peine exemplaire : la mort par pendaison suivie de la dispersion de ses membres sur les places publiques et exile les autres conjurés.
Gonzaga s'en va sur la plage. Tiradentes est pendu sous les applaudissements de la foule, écoliers et écolières compris. La commémoration officielle et contemporaine de cet événement avec son documentaire d'actualité en noir et blanc et son discours martial et grandiloquent est entrelardé de plans du corps de Tiradentes découpé à la hache. Clôture sur l'image du début.
Le film s'appuie sur les actes du Procès de la Conjuration du Minas (l'Inconfidência Mineira), épisode fameux de l'histoire brésilienne. S'appuyant sur les sept volumes de ce procès, sur les vers des poètes impliqués dans le complot et sur les poèmes contemporains de Cecilia Meireles, c'est une lecture des événements qui prend ses distances avec l'historiographie officielle.
Sylvie Pierre rappelle ainsi que le film "osait, au pire moment de la dictature, exploiter la circonstance des festivités ambiguës autour du cent cinquantième anniversaire de l'indépendance brésilienne de 1822, pour saluer avec malice la révolution américaine ou française tragiquement avortée au Brésil à la fin du XVIIIe siècle, la Conjuration de Minas dont le héros du peuple, Tiradentes, exécuté en 1792 devint par son martyre le symbole de cette vision d'indépendance. "
Car Joaquim Pedro de Andrade révèle d'une part le caractère toujours fragile de la révolution, souvent menée par des intellectuels terrorisés et pusillanimes qui en sont les premières victimes. Mais il critique aussi et surtout la récupération martiale et solennelle de l'armée dans la dernière partie où le documentaire officiel en noir et banc est entrecoupé du corps sanglant déchiqueté à la hache de Tiradantes. La violence militaire se range incontestablement du côté des bourreaux qui se montrèrent sans pitié pour Tiradentes et osent aujourd'hui ces phrases toutes faites : "Ouro Preto, le 21 avril célèbre Tiradentes, recherchant dans le culte des grands du passé la motivation pour les conquêtes futures."
Utilisation à la fois ironique et lyrique de la musique : L'Aquarela do Brazil de Ay Barroso, Farolito de Augustin Lara et Masaico de Marlos Nobre
(Os Inconfidentes). Avec : José Wilker (Tiradentes), Luiz Linhares (Tomás Antônio Gonzaga), Paulo César Peréio (Bueno da Silveira), Fernando Torres (Cláudio Manoel da Costa), Carlos Kroeber (Alvarenga Peixoto), Nelson Dantas (Vicomte de Barbacena)