Le Giacomo Casanova a huit ans. Fils d'un couple humble de théâtre, il a été confié à sa grand-mère qui, naïve, amène l'enfant maladif à une sorcière afin qu'il retrouve une santé meilleure. Zanetta, revenue de Londres à Venise, loin de faire cas de la précarité physique de son fils, est une femme exubérante qui explique à sa mère que les autres enfants, Agnès, Giovanni et Francesco, tous très différents qu'elle ramène avec elle le sont en toute logique car nés de trois villes différentes.
Gaetano, le père de Giacomo, fatigué du métier de la balle, veut se retirer dans une boutique où il fabriquera des lunettes de vue. Cela ne plait pas à Zanetta qui profite du carnaval pour trouver un engagement dans la troupe de théâtre de Filippetto. A la nuit, Giacomo et Gaetano, de plus en plus affligé par un lancinant mal d'oreille, partent à sa recherche. Gaetano tombe dans le canal et Giacomo pense qu'il s'est noyé. Il en avertit sa mère qui sort du théâtre Cassiano en galante compagnie. C'est ainsi une petite procession qui se rend de nuit sur la place saint Marc... pour découvrir que le noyé exposé n'est pas Gaetano.
Gaetano a été repêché mais tombe entre les mains de Zambelli, un illustre chirurgien, ami de Grimani dont il a besoin de la protection pour vendre ses lunettes. Zambelli détecte à l'urine rosâtre de Gaetano qu'une opération s'impose le jour même. Une fois que les amis de Grimani ont été conviés à l'opération comme à un spectacle, une fois que Zanetta a organisé les rangées de chaises, l'opération commence. Gaetano a toutefois le temps de demander qu'en cas de décès, Grimani assure l'entretien de sa famille et fait défense à ses enfants de monter sur scène. Ni Giacomo ni sa grand-mère n'ont confiance dans l'opération et celle-ci, une boucherie, échoue : Gaetano meurt après la saignée et la trépanation effectuée au burin depuis son oreille malade.
Le noble Grimani, fidèle aux promesses tenues au père défunt, s'occupe de Giacomo, l'envoie à Padoue pour lui permettre de faire des études. Le prêtre Don Gozzi remarque l'intelligence de l'orphelin et décide de l'enlever de la Signora Mida qui abuse de ses pensionnaires. Giacomo tombe amoureux de Bettina, la jeune sur du prêtre, sensible aux avances de Candiani, un autre pensionnaire. Celle-ci, qui craint que Giacomo, jaloux, révèle à Don Gozzi qu'elle a un jeune amant simule la folie, et subit un exorcisme particulier par le séduisant prêtre Don Mancia
Giacomo, qui n'est pas dupe, veut à son tour devenir prêtre, seul voie ouverte aux pauvres pour devenir célèbre mais prévient Don Gozzi seulement s'ils parviennent à faire en sorte que leur sagesse et leur pureté soient vénérés car le sexe est capable de vaincre les forces de l'esprit.
En 1742, dix ans plus tard. Giacomo, diplômé de Padoue ayant reçu les ordres mineurs, est nommé Abbé à Venise dans la paroisse de Saint Samuel que dirige Don Tosello. Dès son arrivée, le jour du carnaval, il rencontre le sénateur Malipiero, immensément riche, vieux et libidineux, président de la confrérie de San Zacharie... qui a besoin de lui pour amadouer la jeune beauté qui interprète sainte Agathe.
Giacomo devient aussi le protégé de la Contarini dont la fille, Lucia, est enfermée au couvent de saint Zacharie et avec laquelle il parle latin. Giacomo est néanmoins bien davantage attiré par une autre none, la belle Angela. Sur la place saint marc où est exhibé un rhinocéros il rencontre aussi la libertine et extravagante Giulietta Cavamacchia. Don Tosello est excédé de ces succès féminins et lorsque la protégée de Malipiero confesse être obsédée par Giacomo, il lui coupe les cheveux durant son sommeil. Mal lui en prend, Giacomo s'en plaint à Malipiero qui, pour le garder, non seulement lui fait donner une nouvelle coupe de cheveux, mais le nomme pour prêcher durant le carême.
Le succès est immédiat et Giacomo triomphe lors de son sermon recueillant argent et déclarations d'amour. L'une d'elle le convie au jardin du couvent le soir. Giacomo s'y rend croyant que la déclaration est d'Angela. Lucia, qui gère les relations adultères du couvent, y voit l'occasion de compromette Angela et parvient ainsi à la chasser du couvent. En rentrant chez lui, Giacomo trouve la servante de Giulietta Cavamacchia qui était l'auteur du message d'amour. Giulietta, qui fut l'ami de Zanetta, n'est pas insensible au charme de Casanova mais c'est pour confisquer son costume qu'elle l'a fait venir. Toute la nuit, elle tient Giacomo éloigné du salon où se déroulent partouzes et sacrilèges. Au matin, elle vainc la colère de Giacomo en se donnant à lui.
Giacomo arrive ainsi très en retard au second sermon qu'il doit donner à saint Zacharie. Mal remis de sa gueule de bois de la nuit, il s'effondre après quelques mots.
Penaud et sans plus aucun appui, Giacomo revient à Padoue auprès de Don Gozzi. Celui-ci l'exhorte à retourner au séminaire pour affermir ses résolutions. Pour l'en convaincre il l'amène au procès ecclésiastique de Don Marcia. Sur la place publique, celui-ci est exclu de la communauté catholique au cours d'un rite humiliant. Il est ensuite livré aux autorités séculaire et pendu. Il avait une maitresse qu'il a étranglée lorsqu'elle a voulu le quitter.
L'effet de la cérémonie est immédiat et Giacomo accepte de se rendre au séminaire. Mais alors qu'il va y entrer, sa route croise celle d'Angela.
La richissime jeune fille est condamnée par ses parents à prononcer des vux définitifs et elle demande à Giacomo de l'enlever. Durant la soirée donnée en honneur du départ d'Angela pour le couvent, Giacomo sous le costume fictif du cavalier de de Seingalt, gagne au jeu et séduit toute la maisonnée. Devant la description de la vie de pauvreté et de sacrifice que lui prédit la douce Angela, Giacomo court se réfugier chez les charmantes cousines de celle-ci. Au petit matin, il laisse Angela partir seule pour le couvent et se recouche avec les cousines.
C'est ainsi que le, 12 septembre 1742, signale le carton finale, Giacomo
Casanova renonça à sa carrière ecclésiastique
pour embrasser celle de libertin.
Dans un pays en pleine confusion, champ clos de lutte entre fascistes et résistants, les soldats désertent et même Innocenzi, qui cherche à accomplir son devoir jusqu'au bout, n'a bientôt plus qu'une envie, retourner chez lui, près de Rome. Avec Ceccarelli, qui veut regagner Naples, il s'embarque dans une longue équipée mouvementée sur des routes encombrées d'officiers en perdition et de civils hébétés, personnages cocasses et attachants, lâches et courageux, opportunistes et désabusés, mais tous profondément humains.
Jouant constamment sur les ruptures de ton, Comencini installe un va et vient impressionnant, à la fois désopilant et émouvant, entre tragédie et farce. Alberto Sordi, grincheux, servile, matois, ahuri râle mais finit par céder, grogne mais révèle son bon coeur. Les événements auxquels il assiste (meurtre d'une jeune juive, assassinat d'un soldat américain..) les comportements de son père, fasciste ou d'un prêtre qui le cache, la mort de Casccarelli lui feront peu à peu prendre conscience de la nécessité de s'engager.
Des mémoires du vénitien, Comencini et sa scénariste Suso Cecchi d'Amico ne retiennent que les cinq premiers chapitres, ceux des jeunes années et de l'adolescence de Giacomo Casanova à Venise et Padoue.
Entre L'incompris (1967) et Pinocchio (1971), Giacomo est de nouveau un enfant (plus Giacomo que Casanova donc) en apprentissage de la vie jetant un regard aigu sur la société qui l'entoure. "Il importe peu qu'il s'agisse de Casanova; j'aurais pu raconter l'histoire de n'importe quel enfant pauvre" déclarait ainsi Comencini qui jugeait Venise encroutée de souvenirs littéraires picturaux et historiques : "J'ai inclus dans le film des annotations que j'ai emprunté à d'autres mémorialistes de l'époque (Brosses, Carlo Goldoni, Lefrançois de Lalande) et à l'uvre de Molmenti sur la vie privée à Venise ; tout ce qui pouvait aider à représenter un mode de vie quotidien qui efface les images conventionnelles que nous avons de la vie au XVIIe, à Venise ou ailleurs".
Pour l'esthétique de son film, le cinéaste se détourne des toiles de Guardi ou de Canaletto, trop précieux et se réfère au peintre Pietro Longhi. Il reproduit ainsi la séquence du rhinocéros sur la place saint Marc que peignit Longhi de façon réaliste. Sa description de la société est souvent bien plus cruelle encore que celle du peintre vénitien ; ainsi de l'opération de Gaetano, préfigurée par celle de l'arrachage de dent, déjà bien plus saignante que celle Longhi.
Source : Télérama du 17 au 24 novembre.