Près d'Angersl au bord de la route nationale, L'Hôtel de France accueille pour un dîner les amis et parents d'Anna qui doit vendre la maison de sa famille. Parmi eux, de nouveaux couples se sont formés, Michel et Sonia, anciens amants, se retrouvent. Les invités courent dehors, prennent des risques en traversant la rue, jouent au foot. Le fils de Pierre réclame de l’argent à son père, qui rigole. Une bagarre éclate entre le gitan Manu et son frère, puis une autre bagarre entre Michel et Manu.
Michel s’énerve et commence à insulter Richard Veninger, financier juif qui est, selon lui, le véritable acheteur de l’hôtel. Il menace, veut le faire partir. Veninger répond : « Moi je sais qui je suis, où je vais et ce que je veux. Et vous qui êtes-vous ? Un auteur, excusez-moi, qui salope un métier dont il n’est même pas digne ». Michel continue ses diatribes antisémites : « Ce parvenu, tout le monde le regarde en tremblant, et tout le monde lui doit quelque chose ici. Et tout le monde se tait. Eh bien il y en a marre ! Il est où le courage, hein ? Et la dignité, elle est partie ? ». Le père et le fils Veninger le regardent en souriant. Puis Michel s’excuse auprès de ses copains : « J’ai encore foutu la merde ». Maurice Veninger dit à Michel : « Vous croyez peut-être que je vous en veux ? Pas du tout. Je vous regarde et je m’instruis. ».
Le père s’en va. On mange. Michel, à côté de Sonia, ressasse ses échecs. Le repas est animé, tendu, ambivalent, agressif. « Comment tu as pu te marier avec ce type ? » demande Michel à Sonia. Serge le regarde. Maurice Veninger, un peu saoûl, parle de la bêtise des invités. Ce sont des imbéciles dit-il, c’est pas comme ça que je vivrai. Michel lui hurle après. « Qui est-il ce Michel ? » demande Anna. Réponses diverses, mais franches : un génie, un moralisateur, le représentant de l’incertitude actuelle, le héros d’un très bon roman contemporain. Il faut toujours s’attendre à ce qu’il vous tape dessus ou qu’il vous traite de salop, etc. Michel quitte la table, flirte avec sa femme, la ramène sur la table, l’humilie. Puis il sort, est vaguement dragué par une serveuse, puis Anna le rejoint, lui fait des avances. Michel discute dans le noir avec Sonia, au vu et au su de Serge. Ils vont se baigner dans la Loire, et finalement Manu s’en prend à Michel, il lui casse la figure. Michel s’en va piteusement avec sa femme.
le film est interprété par les élèves de l’école de comédiens Nanterre-Amandiers, une aventure qui sera racontée en 2022 par Valeria Bruni-Tedeschi dans son film Les Amandiers. Le tournage précède une autre adaptation effectuée par Patrice Chéreau pour le théâtre, montrée lors du Festival d’Avignon en 1987, et reprise dans les mois qui suivent avec quelques modifications au Théâtre Amandiers-Nanterre.
Comme souvent dans le théâtre de Tchekhov, il est ici question de déception par rapport à la vie, par rapport à ce qu’on est devenu et qui paraît soit dérisoire, soit méprisable, comparée à celle dont l’on rêvait. Les espoirs se sont évaporés, la réalité a montré son visage dur et froid. La vie est insipide, les gens font semblant de s’aimer, on souffre et on pense à la mort. On est confronté à l’usure du temps et à la nostalgie et au regret de n’avoir pas su ou pu faire le pas ou prendre la décision qui aurait peut-être tout changé. Transposé, dans la région d’Angers, Hôtel de France réunit un groupe d’amis, dont certains sont restés plusieurs années sans se revoir. Ce qui fait rejaillir espoirs déçus, blessures et rancœurs. « Tout le monde me croyait en route pour la gloire », dit Michel , personnage central du récit, le fameux Platonov de Tchekhov. Michel n’est peut-être pas ce qu’il paraît au premier abord. Volontiers cynique, agressif et sûrement manipulateur, sa présence et ses retrouvailles avec Sonia – Valeria Bruni Tedeschi – vont très rapidement venir troubler l’ambiance de fête qui perd très vite de son attrait.