Lausanne, Marie-Claire Muller, dite "Mika", a hérité de son père l'entreprise des Chocolats Muller.Elle épouse André Polonski, célèbre pianiste virtuose. Il s’agit en réalité d’un remariage, après une très brève union, plusieurs années auparavant.
André avait ensuite épousé Lisbeth, dont il a eu un fils, Guillaume. Alors que le couple et leur enfant résidaient en Suisse dans la demeure de Mika, la jeune femme avait été victime d’un accident mortel, après s’être endormie au volant de sa voiture.
La jeune Jeanne Pollet, apprentie pianiste préparant le concours de Budapest, apprend de sa mère qu’elle avait failli être échangée avec Guillaume Polonski, né au même moment. Troublée, à la recherche de ses origines et d’un mentor – son père est mort alors qu’elle était enfant – Jeanne se rend chez les Polonski. André lui propose courtoisement de l’aider dans sa préparation au concours ; Guillaume se montre jaloux et méfiant, tandis que Mika fait preuve d’une gentillesse excessive.
Renversant intentionnellement un chocolat chaud qu’elle avait préparé pour Guillaume, Mika tache le pull-over de Jeanne. Celle-ci le fait analyser en laboratoire par son ami Axel. Il s’avère que des somnifères avaient été versés dans le liquide. Comme dans le cognac de Lisbeth le soir de sa mort…
Mika vient perfidement semer le doute auprès de la mère de Jeanne, Louise Pollet, directrice de l’institut médico-légal, avant d’inviter la jeune fille à passer deux jours à la maison pour mieux répéter avec son mari. Auparavant, Jeanne a appris de sa mère que Jean Pollet n’était pas son père biologique et qu’elle est le produit d’une insémination avec donneur. C’est dans cet esprit que Jeanne débarque chez les Polonski, où ses affinités artistiques avec André s’avèrent vite éclatantes.
À l’heure du thé, Mika renverse « maladroitement » de l’eau bouillante sur le pied de Guillaume… Le soir venu, elle avoue avoir oublié les somnifères dont son époux ne peut se passer et, si elle accepte que Jeanne descende en voiture en chercher en ville, elle s’étonne que Guillaume, vu sa blessure, veuille l’accompagner. Les enfants partis, André comprend que Mika a jadis drogué Lisbeth et, le soir même, Jeanne. « J’ai le chic pour faire le mal », tente-t-elle de se justifier… La sonnerie du téléphone retentit : Polonski informe Mika que les enfants ont été victimes d’un accident, mais qu’ils sont indemnes… Mika, enfin vaincue, peut tout avouer àAndré en attendant l'arrivée de la police.
Magnifique séquence de flash-back. André Polonski s'endort, Mika étendue à côté de lui se souvient du meurtre de la première femme de son mari. Dans la première partie de la séquence, Mika donne un verre de cognac à l'épouse qui, devant le piano, regarde son mari jouer. Mika revient au présent et dit, pour elle-même, elle sait que son mari dort "Nous pourrions inviter Jeanne deux jours à la maison".
Cette déclaration associée à notre savoir sur le cognac drogué nous alerte sur les intentions meurtrières de Mika. L'épouse et Jeanne sont maintenant associées, ce qui rend d'autant plus effrayant la seconde partie du flash-back qui commence, comme la première, par un fondu-enchainé.
L'épouse part chercher le somnifère, sa voiture démarre dans la nuit sous les yeux sans remords de Mika. La voiture partie, Mika revient dans le salon, sans un regard pour l'enfant, prendre la place de l'épouse : devant le piano, elle écoute jouer André. Le flash-back se termine sur un noir cut. La séquence suivante démarre avec le son d'une corne de brume, signal de danger, sur une mer pourtant ensoleillée. Mika téléphone à la mère de Jeanne pour inviter cette dernière à la maison.
Névrose de Mika, enfant adoptée qui croit tout donner et ne rien recevoir; avoir tout donné pour que ses parents l'aiment mais sentant toujours un possible rejet. Des lors, des qu'elle se sent rejetée, elle blesse ou tue afin de pouvoir réconforter le blessé ou les survivants
A l'inverse la mère de Jeanne assume la situation difficile qui l'amène à mentir à sa fille par respect pour la volonté de son mari défunt. Elle ne craque qu'étant énervée comme le prouve un premier lapsus (j'ai le feu sur le lait) avant d'en enchainer blesse un plus conséquent qui l'amène à tout révéler à sa fille : je voudrais que tu sois sur que ton père n'est pas ton père" et lui révéler ainsi qu'elle est née grâce à une insémination avec donneur.
La Marche funèbre de Liszt, que répètent André et Jeanne, rythme le film sur une cadence implacable et sèche comme l'affirme le pianiste. Superbe plan final dans lequel Chabrol évoque le titre original du roman.