Au XIXe siècle d'une jeune femme écossaise, Ada MacGrath s'en va rejoindre son futur mari, Alistair Stewart, qu'elle ne connaît que par échange de lettres, en Nouvelle-Zélande où il est colon. Ada lui est reconnaissante de l'accepter telle qu'elle est, muette depuis une décision prise à six ans, et flanquée de Flora, sa fillette de neuf ans, qu'elle élève seule.
Ada et Flora sont débarquées sèchement sur une plage et doivent y dormir avant que Stewart et son voisin Baines ne viennent les accueillir. Son nouveau mari, ne comprenant pas l'intérêt vital du piano pour sa nouvelle femme, abandonne l'instrument sur la plage pour n'emmener avec eux que leurs malles
George Baines, sollicité par Anna pour les conduire sur la plage afin d'y jouer au piano comprend l'intérêt vital de la jeune femme pour son instrument et parvient à convaincre Stewart de lui céder le piano contre des terres et de laisser Ada lui enseigner la musique.
Ada veut récupérer son piano, seul moyen par lequel elle arrive à exprimer ce qui vibre en elle. Elle méprise Baines, rustre et illettré, mais est surprise par le soin qu'il a pris de faire accorder le piano. Baines ne veut pas de cours de musique. Il désire Ada et lui propose un marché : regagner son piano touche par touche en se soumettant à ses fantaisies érotiques. De robe soulevée en corsage entrouvert, de caresses sur le cou en nudité partagée, il parvient à troubler Ada.
Cependant Flora s'est rendu compte de ce manège... qui ne lui plait pas. Flora aimait raconter, qu'Ada ne disait mot depuis que son père était mort foudroyé alors qu'ils chantaient tous deux dans la forêt. Ada était chanteuse d'opéra et son mari était son professeur de piano. Mais Ada avait finit par lui dire que son père l'avait tout simplement abandonnée et que c'était pour une raison inconnue qu'elle ne disait un mot depuis l'âge de six ans. Toutefois Flora se satisfaisait d'être l'unique interprète de sa mère lorsqu'elle s'exprimait en langage des signes.
Flora met ainsi Stewart sur la piste des relations ambiguës d'Ada et George. Le jour où Ada se donne à George, il assiste ainsi à leurs ébats. Mais lorsque, le lendemain, elle veut rejoindre à nouveau George, il tente de la violer puis, Flora survenant, se contente de la retenir prisonnière avec la complicité de sa fille.
Ada accepte finalement cette réclusion et se donnerait à son mari, si celui-ci ne se révélait impuissant. Stewart finit par lui laisser retrouver sa liberté contre la promesse qu'elle ne rejoindra pas Baines. Ada s'empresse néanmoins de déclarer son amour à Baines sur un message écrit sur une touche de piano qu'elle confie pour lui à sa fille. Flora restant fidèle à Stewart la lui remet ce qui déclanche sa fureur. A la hache, il brise le doigt de Ada. Dégoûté d'avoir tenté de la violer durant sa convalescence, il décide néanmoins de la laisser partir avec Baines.
Baines embarque avec Ada et Flora sur une pirogue en ayant soin d'emporter el piano. En pleine mer, Ada demande néanmoins à Baines de jeter le piano à la mer. Un cordage se prend dans son pied et l'entraîne au fond de la mer. Après s'être laissé couler, elle se défait du filin et remonte, heureuse que sa volonté lui ait fait choisir la vie. Désormais installée à Sidney comme professeur de piano et veillée par Baines, Ada réapprend à parler.
Palme d'or à Cannes en 1993 avec Adieu ma concubine (Chen Kaige), le film est tout aussi académique. Le sujet du film se révèle à la fin, lorsque Ada remonte à la surface après s'être laissé entraîner au fond de la mer avec son piano. Elle se déclare alors heureuse que sa volonté lui ait fait choisir la vie plus que la mort.
Ada s'est, dit-elle, toujours méfiée de sa propre volonté qui l'entraîne dans des chemins déraisonnables qu'elle-même ne comprend pas. Ainsi cette décision prise à six ans de ne plus parler ; ainsi, probablement, celle de ne pas se marier, avec un homme qui ne devait pas l'aimer assez; ainsi enfin de partir en Nouvelle-Zélande, de se donner avec fougue à Baines puis éventuellement à Stewart s'il avait pu.
Si, au début du film, la musique représente les émotions d'Ada et sa façon de les exprimer, l'objet devient de plus en plus lourd, comme un obstacle au désir, un piano que l'on démembre pour qu'il devienne messager, un poids qui entraîne vers la mort. The piano (titre original) est tout aussi ambiguë que La leçon de piano (titre français). Le sur-investissement dans la musique empêche Ada de vivre tout comme il n'y aura jamais de leçon de piano mais des leçons de sensualité.
Le film aligne un peu trop complaisamment les symboles lourds de sens dans des images joliment éclairées et bien cadrées. Scénario d'un côté et symboles de l'autre fonctionnent de manière redondante, sans jamais donner l'impression de tricoter ensemble un romanesque suffisamment dense. Tout (me) parait un peu statique et figé.
Jean-Luc Lacuve, le 16/05/2010
Ressource internet : Mélanie Boissonneau, Renaud Prigent : Fiche interactive Lycéens et apprentis au cinéma