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Susana la perverse

1951

Genre : Drame social
Thème : érotisme

(Susana). Avec : Fernando Soler (Don Guadalupe), Rosita Quintana (Susana), Víctor Manuel Mendoza (Jesús), María Gentil Arcos (Felisa), Luis López Somoza (Alberto), Matilde Palou (Doña Carmen). 1h22.

Susana, jeune détenue d'une maison de redressement, est jetée au cachot noir. Les éclairs d'un violent orage projettent sur le sol une ombre en forme de croix au milieu de laquelle surgit une effrayante mygale. Epouvantée, Susana s'agrippe aux barreaux qui cèdent et lui ouvrent le chemin de la liberté.

Au plus fort de l'orage, la fugitive demande asile à l'hacienda de Don Guadalupe, propriétaire terrien qui mène une vie chrétienne et tranquille auprès de sa femme Carmen, de son fils Alberto, de son intendant Jésus et de sa vieille et fidèle servante Felisa. Ayant réussi à apitoyer les habitants de l'hacienda, Susana est engagée comme domestique, malgré lia méfiance de Felisa.

Sensuelle et provocante, elle n'a aucune peine à séduire Alberto. Elle refuse de céder à Jésus mais doit s'y résoudre quand il la menace de la dénoncer après avoir été averti par la police qu'ne fugitive était en fuite. Don Guadalupe succombe également au charme de Susana qui a simulé une douleur à la jambe et sollicité des soins troublants.Bien vite, la vie familiale se désagrège. Le père et le fils s'affrontent. Surpris auprès de Susana, Jésus est congédié. Pour la première fois en vingt ans de mariage, Don Guadalupe rabroue sa femme. S'opposant de plus en plus à son fils, il décide de l'envoyer à Mexico pour terminer des études en entomologie. Carmen se venge en fouettant Susana avec une lanière que lui a procurée Felisa, qui a toujours deviné les intentions de Susana. Alors que Don Guadalupe annonce sa rupture avec sa femme légitime, Jésus revient à l'hacienda accompagné de policiers venus récupérer l'évadée. Après l'arrestation de Susana, chacun reprend ses activités habituelles et le bonheur revient dans la paisible propriété.

Le naturalisme de Bunuel associe Susana au serpent du désir. Elle sollicite un miracle avec cette prière : "Dieu des prisons fait tomber les barreaux, les murs. Laisse-moi sentir l'air, le soleil. J'ai autant de droits qu'un serpent, ou que cette araignée. Dieu accorde-moi un miracle si tu peux". Puis elle se faufile par le soupirail et sous les barbelés avant d'apparaitre à la fenêtre des gentils propriétaires de l'hacienda. Même la jument et son petit sont contaminés par Susana. Quelques métaphores sexuelles parsèment le film, le blanc d'œuf sur les cuisses, le canon du fusil astiqué. La  sensualité de Rosita Quintana, ses épaules, ses cuisses, ses cheveux ou ses seins isolés par Bunuel en des gros plans emportent la raison des trois hommes qui gravitent autour d'elle. Felisa le constate: " Elle ne serait pas même décente dans une tenue de nonne".

Ce venin irrésistible, il faut une cause extérieure, l'arrestation par la police, pour en venir à bout. Le calme paisible et rayonnant qui succède à la tempête du désir n'a pas même besoin d'être ironique (entente parfaite de la famille, des maitres et des serviteurs, ciel resplendissant, jument guérie). Le contraste suffit à  indiquer la force et la fièvre suscitée précedemment par la seule présence de Susana.

Jean-Luc Lacuve, le 06/01/2015

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