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El

1953

Thème : psychanalyse

Avec : Arturo de Córdova (Francisco Galván de Montemayor), Delia Garcés (Gloria Vilalta), Aurora Walker (Doña Esperanza Vilalta) Carlos Martínez Baena (Padre Velasco), Manuel Dondé (Pablo), Rafael Banquells (Ricardo Luján). 1h32.

Au cours de la messe du Jeudi Saint, Francesco, riche propriétaire foncier et catholique pratiquant, tombe amoureux de Gloria. Celle-ci est fiancée à Raoul, jeune ingénieur qu'il avait quelque peu perdu de vue. Fort habilement, Francesco invite le couple à une réception et réussit à séduire Gloria. Il l'épouse. Plus tard, Gloria rencontre son ex-fiancé et lui fait de douloureuses confidences : son mariage a été un échec dû à la jalousie morbide de son époux paranoïaque. La nuit de noces dans le train s'est terminée en fiasco. Depuis, Francesco n'a pas cessé de multiplier les soupçons déments et les humiliations punitives. C'est ainsi qu'il a failli la précipiter dans le vide du haut d'un clocher.

Gloria rentre chez elle. A minuit, Francesco pénètre dans la chambre de sa femme pour lui faire subir une hallucinante torture sadienne. Gloria s'éveille à temps, et s'enfuit. Parti à la recherche du couple qu'il soupçonne de trahison, Francesco entre dans l'église. Pris d'une violente crise de folie hallucinatoire, il court vers l'autel pour étrangler le prêtre.

Les années ont passé. Gloria et Raoul, accompagnés d'un garçonnet rendent visite au Père supérieur d'un monastère où s'est retiré Francesco. Dès leur départ, celui-ci s'éloigne en zigzaguant vers le fond du jardin.

Selon les déclarations de Buñuel, El est un de ses films préférés à cause de sa précision documentaire. D'ailleurs Jacques Lacan utilisa El dans un de ses cours à l'hôpital Sainte-Anne, pour illustrer l'étude d'un cas de paranoïa à partir des signes décrits par Buñuel : l'hypertrophie de l'orgueil, l'obsession de la justice, la jalousie démesurée et la fameuse marche en S qui clôt le film. Buñuel y avait ajouté une variante toute personnelle avec le fétichisme du pied.

Une apparence de mélodrame mondain sert de contexte à la genèse et à la progression de la paranoïa. Comme à son habitude, Buñuel en profite pour fustiger avec humour une certaine bourgeoisie cléricale. Francesco est un malade mental et sa femme, sans doute peu renseignée sur les pratiques sexuelles est la seule à faire les frais de sa manie. Soumise au pouvoir maritale, celle-ci est persécutée, menacée de mort et de sévices, comme une de ces héroïnes, vertueuses et donc condamnées, du marquis de Sade.

L'acteur Arturo de Cordova était connu au Mexique pour sa manière de souligner les effets jusqu'aux limites du ridicule dans de médiocres produits commerciaux. Buñuel a su malicieusement utiliser ce registre.

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