Noura rêve

Noura, la quarantaine, est employée dans un hôtel, où elle s’occupe du linge. Elle élève seule ses trois enfants tandis que son mari, Jamel, un bon à rien, est encore en prison. Mais elle a son jardin secret, un amant dont elle est très amoureuse, le tendre et impatient Lassad.

La procédure de divorce qu’elle a lancée est sur le point d’aboutir, elle vient de déménager, entrevoit le bout du tunnel. C’est alors que son mari est libéré prématurément, du fait d’une grâce présidentielle. Paniquée, Noura voit son plan s’écrouler. Bien entendu, le père des enfants ne tarde pas à comprendre la situation.

Jamel se venge en tendant un piège à Lassad. Il oblige Noura à lui donner rendez-vous dans le garage où il travaille. Jamel, fort du soutient de ses comparses, viole alors Lassad. Celui-ci simule un vol dans le garage et porte plainte contre Jamel. En dépit de l'aide du policier véreux avec lequel il est en cheville, Jamel retourne en prison. Noura apprend que son divorce est validé mais Lassad ne veut plus la voir. Effondrée, Noura se relève toutefois grâce à ses enfants. Un coup de fil survient... sans doute Lassad revenu à de meilleurs sentiments.

Filmé à Djebel Jelloud, quartier populaire de la banlieue sud de Tunis, avec une autorisation de tournage, le film privilégie un urbanisme un peu décrépi, dans les rues grises où les enfants de Noura rentrent, résignés, de l’école. Outre le sujet, une femme se battant pour obtenir le divorce et vivre avec son amant, le langage est cru, issu de la rue, ce qui n’est pas habituel dans le cinéma tunisien.

En choisissant de surcroît la star tunisienne Hend Sabri pour incarner Noura, en la filmant sans maquillage, la cinéaste souhaitait marquer les esprits avec ce drame et thriller dont elle a écrit le scénario. De même, le comédien qui interprète le mari, Jamel, est l’humoriste très populaire Lotfi Abdelli, ancien danseur au Ballet national tunisien : il assume ici un rôle délicat, celui d’un homme douteux, possessif et dangereux, bien que sentimental.

Aux Journées cinématographiques de Carthage Noura rêve obtient en 2019 le Tanit d’or, tandis que Hend Sabri reçoit le prix d’interprétation féminine.