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La femme au corbeau

1929

Genre : Mélodrame
Thème : Erotisme

(The river). Avec : Charles Farrell (Allen John Spender), Mary Duncan (Rosalee), Ivan Linow (Sam Thompson), Alfred Sabato (Marsdon). 1h24 (dont 0h54 retrouvées).

Un bûcheron de l'Alaska, garçon aux mœurs frustes, Allen John Pender, descend le fleuve en péniche, vers la mer. À la hauteur d'un barrage, il assiste à l'arrestation d'un contremaître brutal, Marsdon, qui a tué un homme soupçonné d'entretenir des relations coupables avec sa maîtresse, la belle Rosalee. Marsdon a laissé à celle-ci en gage un corbeau, qui vit à ses côtés dans une cabane au bord du fleuve.

Allen John a fait halte à proximité de la digue. Alors qu'il se baigne nu dans la rivière, il aperçoit Rosalee, assise sur un rocher avec son corbeau. Elle se moque de lui, mais à l'ironie fait bientôt place une tendre amitié. Pour elle, Allen John manquera à deux reprises le train qui doit le conduire à la ville.

L'hiver arrive. Les deux jeunes gens flirtent innocemment, sous la surveillance menaçante du corbeau, jusqu'au moment où Rosalee, à la suite d'un geste maladroit du garçon trop empressé, le blesse d'un coup de couteau. Allen John s'enfuit dans la forêt et, torse nu malgré le froid, se met à abattre des arbres. Il tombe, frappé de congestion. Un collègue le ramène à la cabane et s'efforce en vain de le ranimer en frottant de neige son corps nu. En dernier recours, Rosalee se couche sur lui et parvient ainsi à le ramener à la vie.

Au matin, elle se donnera enfin à lui, et au printemps, ils partiront ensemble vers la mer...

Dans ce film où Borzage exprime son sujet de prédilection : la naissance d'un couple, il délaisse les éléments romantiques ou spirituels qu'il a si souvent évoqués pour mettre en valeur l'aspect érotique de la relation entre deux personnages. La femme incarne l'expérience de l'amour mais aussi la lassitude et le dégoût de l'amour. Le jeune homme représente l'insouciance, l'innocence et l'ignorance de l'amour. A son contact, la femme redevient ce qu'elle avait toujours été, tentatrice, initiatrice, insatisfaite, puis dépassant ce stade, accède peu à peu à une relation sans partage et sans arrière pensée avec son compagnon.

L'isolement des deux personanges qui les rends pareils à deux apparitions et la solitude grandiose des lieux où ils évoluent poussent vers l'abstraction une histoire que, par ailleurs, Borzage a su doter d'un poids charnel peu commun.

Ceci a contribué à donner au film une valeur mythique dans la mémoire de beaucoup de spectateurs. Cette remarque vaut surtout pour l'Europe car aux Etats-Unis le choc du parlant éclipsa en partie les mérites de l'œuvre.

54 minutes sur 84 ont été retrouvées dans les archives Fox. Il manque le début, deux séquences intermédiaires et la dernière bobine. Le film subsiste grâce à une copie 16 mm, Willam Key Everson.

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films, novembre 2010. 3DVD, 4 films. Nouveaux masters restaurés aux formats d'origine de 1.20 à 1.30, cartons en version originale, sous-titres français. 50 €.

DVD1 : L'heure suprême. DVD2 : L'ange de la rue. DVD3 : Lucky Star, La femme au corbeau. Suppléments : Entretiens avec Hervé Dumont (0h20, 0h12, 0h12), une analyse de Michael Henry Wilson(0h15). Un entretien audio avec Frank Borzage de 1958 (0h21). Trois courts métrages de Frank Borzage pour Screen directors playhouse de 1955-56 : Day is done, A ticket for Thaddeus, The day I met Caruso.

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