Maya est le nom que les Hindous
donnent à l'illusion, aux multiples formes, aux apparences trompeuses,
et par extension à la femme, interchangeable, que les marins espèrent
trouver à chaque escale. C'est à elle que songent les matelots
du " Saint- Jacques ", un cargo chargé de nitrate qui
est sur le point d'accoster. Jean, le maître d'équipage,
se retrouve à terre, déambulant dans les ruelles du port,
avec des rêves plein la tête.
Une femme est là, sur le seuil d'un bouge, en tenue légère,
aguichant les hommes. Son nom est Bella, mais elle peut aussi bien s'appeler
Marie ou Lucie ou Maya, au gré du client. De nature indépendante,
elle préfère " travailler " à son compte,
dans l'accueillante maison de passe de " Notre Mère ",
la doyenne des filles, que tomber sous la coupe d'un maquereau tel que
M. Ernest. La compagnie de la pure Fifine, qui rêve d'amour éternel
avec le gentil Albert, la console de sa déchéance.
En même temps que le " Saint-Jacques ", un autre navire
est entré au port : l'"Océanic". À son
bord, M. Antoine, une tête brûlée, qui après
une rixe meurtrière dans un bar à matelots, va trouver refuge
auprès de Bella. Lui aussi a dans la tête la femme idéale,
une passagère fortunée côtoyée au cours d'un
de ses voyages. Sa protectrice s'identifie à elle un instant, au
prix d'un pieux déguisement. Mais la police survient, traquant
l'assassin. Bella est compromise. Jean, qui se trouve là, se porte
garant de l'imprudente, dont il est tombé amoureux et qu'il espère
tirer du ruisseau. Leur idylle tourne au conte de fées, et suscite
la raillerie de Cachemire - le cuisinier du " Saint-Jacques ",
un Oriental beau parleur - comme celle de Joe le soutier, une épave.
Jean va-t-il résilier son contrat de bosco et refaire sa vie avec
Bella ?
Une bagarre, à bord du cargo qu'il a regagné, va en décider
autrement : l'homme est mis aux fers, et le navire lève l'ancre,
laissant l'infortunée Bella en larmes sur le trottoir...