Au début du siècle, on appelait "cocotte", une femme entretenue. C'est le qualificatif qui convient parfaitement à la jolie Amélie Pochet, autrefois femme de chambre et aujourd'hui Amélie "d'Avranches" grâce à la protection et aux largesses d'Étienne, lieutenant de hussards et son amoureux en titre.
Ce dernier a un ami fidèle, Marcel Courbois, toujours prêt à lui rendre des services. En particulier celui de s'occuper d'Amélie, en clair de la surveiller, pendant la période militaire que doit effectuer Etienne. Marcel est ravi, car il fait croire ainsi à un oncle hollandais, Van Putzeboom, qu'il va épouser Amélie; le brave oncle pourra alors lui verser l'héritage que le défunt père de Marcel avait réservé à son fils pour le jour où il se marierait.
Étienne parti, Amélie se laisse courtiser par le prince de Palestrie avec la complicité de Pochet, son père, toujours en quête du moindre pourboire. Mais la jeune femme se plaît surtout à jouer à la fiancée de Marcel qui paraît indifférent.
A son retour, impromptu, Étienne comprend qu'Amélie et Marcel s'aiment. Il fait croire aux jeunes gens que la cérémonie de leur mariage arrangée pour Van Putzeboom, est truquée. En réalité, le mariage est régulier, mais devra être annulé pour vice de forme. Qu'importe: Amélie et Marcel partent en voyage de noces : ils se marieront au retour !
La pièce de Georges Feydeau avait fait l'objet de deux adaptations, par Emile Chautard en 1912 et par Marguerite Viel et Richard Weisbach en 1932.
Autant-Lara et ses scénaristes dialoguistes Aurenche et Bost multiplient les marqueurs du théâtre : rideaux s'ouvrant et se baissant à chaque acte, comédiens vus dans leur loges qui s'habillent ou reçoivent des invités, techniciens préparant les décors. Ces intermèdes concourent au rythme trépidant demandé par la pièce.
Autant-Lara s'amuse des conventions du théâtre et du cinéma. Un écran de cinéma descend pour une projection de lanterne magique diffusant des publicités à la fin de l'acte premier et la voiture du décor de la fin du second acte entre derrière les loges du théâtre.
Au jeu assez chargé des seconds rôles (Julien Carette en Pochet, Grégoire Aslan en prince, Roland Armontel en général et surtout Victor Guyau en Van Putzeboom) s'oppose le jeu plus calme de Danielle Darrieux et Jean Desailly.
Jean-Luc Lacuve le 17/03/2009