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Fin du XIXe siècle.
Dans une grande demeure normande, Jeanne Dandieu vit entourée de ses
parents et de Rosalie, une paysanne amie d'enfance qui lui sert de domestique.
Un jour, sauvée par des pêcheurs alors que sa barque, prise dans
une rafale, venait de se retourner, elle est accueillie à l'embarcadère
par un jeune inconnu: Julien de La Mare. Celui-ci la raccompagne au manoir.
Jeanne ne tarde pas à tomber amoureuse. Julien demande sa main.
Cette précipitation
fait jaser : on dit que Julien se marie pour payer des dettes qui l'obligèrent
à quitter Paris. Le mariage est une réussite et Jeanne nage
dans le bonheur. Ses parents quittent la maison familiale et rapidement la
vie du couple devient un enfer. La sensibilité de sa femme ennuie Julien
qui lui préfère la compagnie de Rosalie. La jeune femme n'ose
avouer à sa maîtresse les relations qu'elle entretient avec son
mari. Enceinte, elle accouche d'une petite fille et abandonne le service de
Jeanne qui a tout découvert.
Six ans ont passé. Jeanne est mère d'un petit garçon. A l'occasion de la bénédiction des bateaux de pêche, Julien rencontre un vieil ami, de Fourcheville, qui lui présente sa femme Gilberte. Une relation ne tarde pas à naître entre eux. Jeanne supporte avec courage cette liaison nouvelle ainsi que la mort de sa mère. Mais Fourcheville, jaloux, découvre les amants dans une roulotte qu'il précipite du haut de la falaise.
En 1948, Alexandre
Astruc devient célèbre en signant un article publié dans
L'écran français : "Naissance d'une nouvelle avant-garde
: la caméra-stylo". Il salue dans le cinéma un moyen d'expression
autonome et neuf, comparable à la peinture ou au roman. La démarche
du réalisateur le rapproche d'un cinéma romanesque soucieux
de la vérité des êtres et de leur insertion dans un cadre
soigneusement dessiné. Un cinéma d'essayiste. Il prétend
lui-même rechercher les "manifestations visuelles de la psychologie
des personnages". C'est pourquoi il choisit des moments de crise, comme
dans cette adaptation de Guy de Maupassant ou celles qui suivront L'éducation
sentimentale, 1961 d'après Gustave Flaubert, La lettre volée
(1973) et La chute de la maison Usher (1981), tous deux adaptés de
l'oeuvre d'Edgar Allan Poe ; Une fille d'Eve (1988) et Albert Savarus (1992)
d'après Balzac.
Astruc n'adapte que la première partie du roman; sa célèbre phrase finale : "la vie, ce n'est jamais ni aussi bon ni aussi mauvais qu'on croit" intervient après la naissance de Paul et non après la naissance de la fille de celui-ci.