![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Clelia
a quitté Rome pour Turin, où elle doit installer une succursale
d'une maison de couture. Son séjour à l'hôtel est perturbé
par la tentative de suicide de Rosetta, sa voisine de chambre. C'est ainsi
que Clelia rencontre Momina, une femme élégante qui cherche
à comprendre le geste désespéré de son amie.
Arrivée sur les lieux de son futur
travail, Clelia constate que les travaux n'ont guère avancé
malgré l'optimisme désinvolte de l'architecte Cesare. Elle se
trouve de plus en plus mêlée à l'enquête que mène
Momina. Les recherches, à partir d'un numéro de téléphone,
les conduisent au studio du peintre Lorenzo, qui vit avec Nene, céramiste
de talent récemment invitée à New York. Très attirée
par Carlo, l'assistant de Cesare, Clelia accepte l'invitation de Momina, qui
veut réunir tous ses amis au bord de la mer.
La rencontre se termine par une longue errance
sur une plage peu accueillante. Momina mène le jeu des intrigues et
des jalousies. Rosetta aime toujours Lorenzo, pour lequel elle a voulu se
suicider. Momina, malgré la désapprobation de Clelia, encourage
cette passion.
Le soir d'un défilé de mode,
Rosetta révèle à Nene sa liaison avec le peintre.
Réagissant très mal à cette nouvelle situation, Lorenzo,
après une courte bagarre avec Cesare, quitte le groupe réuni
dans un bar. Rosetta l'a suivi. Il rompt brutalement avec elle.
Le lendemain matin, on retire de l'eau le cadavre de la jeune femme. Un profond malaise a envahi le groupe d'amis. Clelia accepte la proposition d'un nouveau travail à Rome, ce qui l'amène à quitter Carlo qui n'a pas su répondre à la qualité de l'amour qu'elle lui offrait et son groupe d'amies qui n'ont pas sauvé Rosetta. Elle retourne dans la capitale pour profiter de sa réussite et de son indépendance.
Quatrième film d'Antonioni mais le premier adapté d'une
uvre littéraire, Entre femmes seules (Tra donne sole), la dernière des trois nouvelles qui composent Le bel été (1949). C'est la première adaptation cinématographique
d'une uvre du grand écrivain turinois, Cesare Pavese, qui s'est donné
la mort à 42 ans en 1950. Influencé par les nombreux livres américains qu'il traduit, Pavèse
est un auteur à la fois gauchiste et néoréaliste, atmosphère
que l'on retrouve dans Entre femmes seules (1949) où Rosetta
est le double de l'écrivain qui, comme lui, finira par réussir
son suicide. Ce film vaut à
Antonioni une réputation de champion de la cause féministe,
titre qu'il partage alors avec Bergman.
Antonioni rendra hommage à Pavese dans un article publié dans la revue Cinéma Nuovo de 1956, Fidélité à Pavese. Le mobile amoureux du suicide n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase d'un ennui de vivre ; d'une impossibilité d'établir un lien avec la vie qui sont les motifs de Pavese.
Pour Italo Calvino, c'est la première fois que l'on voit au cinéma des groupes d'amis et d'amies de la bourgeoisie, les hystéries et les acrimonies qui fermentent sous la plaisanterie. C'est un monde qui a déjà sa tradition littéraire mais que le cinéma n'avait encore pas réussi à effleurer.
Chronique impitoyable d'un petit cercle de la bourgeoises turinoises
Clelia vient à Turin, ville où il fait froid et gris en hiver, pour ouvrir la filiale d'une entreprise de mode spécialisée dans les fourrures. La boutique est un espace bourgeois raffiné où tout est à sa place.
Clelia, sans mari et sans enfants, peut assumer ses choix en pleine autonomie et pleine conscience. Elle est le personnage principal face à cinq femmes riches, élégantes et désabusées. Le film s'ouvre sur son arrivée à Turin et s'achève sur son départ. Dans la nouvelle de Pavese, c'est aussi elle qui conduisait le récit, écrit à la première personne. Elle s'intègre au groupe des amies mais en tout dernier. Elle n'appartient pas à leur monde par la naissance mais s'en est rapproché par la force de sa détermination et son désir de s'extraire de son milieu social d'origine. C'est le suicide raté de Rosetta qui va la plonger dans le monde de ces femmes qui n'auraient pu être que de simples clientes mais qui vont devenir ses amies. Pour Clelia, le travail surpasse les autres impératifs de la vie comme l'amour. Son histoire avec Carlo sera sacrifiée et ce choix la conduit à rester une femme seule.
Momina semble orchestrer leur société, femme émancipée, riche mariée, elle vit pourtant seule et collectionne les aventures. C'est sa malsaine curiosité de femme oisive qui donne au scénario la forme d'une enquête. C'est elle qui recherche la compagnie de Clelia pour avoir des détails sur le geste de Rosetta ; c'est elle qui pousse Rosetta à avoir une liaison avec Lorenzo. Elle encourage les personnages à mieux se détruire pour mieux la divertir.
Mariella est jeune, belle, volage, brutale sans arrière pensée, elle blesse sans penser à mal lorsqu'elle affirme que Rosetta ferait mieux de se suicider. Nene est une victime qui supporte tous ses maux par amour pour son mari. Artiste talentueuse devant laquelle s'ouvrent les portes du succès, elle préfère sacrifier sa carrière pour ne pas faire d'ombre à l'homme qu'elle aime. Elle aurait même laissé sa place à sa maîtresse, Joseta, si tel avait été le désir de Lorenzo. Rosetta est le personnage pur du film, mesurée, discrète, exacte opposé de Mariella.
Amitié mais aussi méchanceté, mesquinerie, se conseillent, se regardent et s'invitent, s'admirent et se jalousent, ont besoin du regard du groupe sur elles qui masque leur isolement. Les hommes n'acceptent pas les situations qui menacent leur équilibre. Carlo a peur de Clelia et Lorenzo de la passion de Rosetta. Cesare passe de mains en mains.
Momina à Clelia et Rosetta : "Une femme qui vaut plus que son
homme est une malheureuse."
Nene et Laurenzo : "Aujourd'hui, les princes charmants
prennent de la cocaïne et dansent le mambo."
Clelia à Cesare : "Tu me plais, tu as bon caractère, tu es élégant,
tu sais vivre, bref tu es un homme qui a des qualités."
Source : analyse d’Aurore Renaut sur le DVD ci-dessous :