Sylvia Plath débute sa correspondance avec sa mère à son entrée à l’université en 1950. Elle prendra fin avec son suicide en 1963. Six cent quatre-vingt-seize lettres composent cet échange.
Premier acte : Avant d'évoquer sa fille, Aurélia raconte sa vie. Sa joie d'apprendre puis d'enseigner. Elle se marie avec son professeur d'université qui la contraint à devenir femme au foyer et lui servir de secrétaire. Elle lui donne deux enfants, Sylvia puis un frère un peu plus tard. Son mari, par vanité, laisse dégénérer son diabète. On doit l'amputer puis il meure des suites de l'opération. Sylvia décide qu'elle ne parlera plus à Dieu. Aurélia obtient un petit poste à l'université ce qui lui permet d'entretenir son ménage et ses enfants.
Avec ses premiers poèmes et nouvelles publiés, Sylvia obtient une bourse mais elle doit néanmoins travailler dans la salle annexe d'un restaurant pour subvenir à ses besoins. Elle rencontre des gens brillants dans une fête somptueuse. Mais Constantin, dont elle tombe amoureuse, ne donne pas suite.
1953. Sylvia obtient le premier prix pour une de ses nouvelles. Elle voyage ainsi à New-York pour occuper quelques mois la rédaction en chef d'un grand magazine de mode. A son retour, elle n'obtient pas une inscription dans un prestigieux cours de littérature d'été. Elle est dépressive et fait une tentative de suicide aux somnifères. Elle est conduite dans un asile psychiatrique où elle subit des électrochocs. Elle est ensuite soignée dans un établissement de luxe grâce à la générosité de ceux qui lui avaient attribué sa bourse d'étude. Peu à peu, elle se remet.
Deuxième acte. Sylvia décide d'aller à Londres. Elle rencontre Ted Hughes. Sa vie est radieuse. Sylvia considère le jeune poète anglais comme un génie. Ils se marient et ont un premier enfant. Sylvia apprécie la vie à Londres, elle veut être une épouse et une mère parfaite. Les temps sont difficiles. Elle tente de concilier sa vie quotidienne avec sa volonté d’écrire. Elle gagne la vie du ménage en étant professeure d'université. Un deuxième enfant voit le jour. Le couple s’installe dans le Davon. Ted la trompe, le couple se déchire et se sépare. "Je sens que j’apprends" écrit Sylvia Plath aux heures les plus sombres de sa vie. Seule avec ses enfants, ses plans pour avoir un peu d’argent tombent à l’eau, sa maison est déclarée insalubre, elle découvre que pour les femmes divorcées, la loi anglaise est impitoyable.
Sylvia et ses enfants survivent à Londres où ils ont emménagés dans la maison de Yeats. L’hiver est l’un des plus rudes que l’Angleterre ait connu. Elle trouve le temps pour écrire. Elle maîtrise au plus haut point son art, mais elle est à bout. Elle publie son premier roman, La cloche de détresse. Pétrie de talent, elle doute.
Aurélia Plath apprend le 12 février 1963 par un télégramme le suicide de sa fille à trente ans. Aurélia se replonge dans un écrit de sa fille à 17 ans, qui "aime le présent et redoute les grands choix".
D’après le spectacle créé au Théâtre Moderne à Paris, le 27 novembre 1984 La pièce de théâtre de Rose Leiman Goldemberg d’après la correspondance de Sylvie Plath choisie par Aurélia Plath est mise en scène par Françoise Merle. Cette correspondance entre une fille, Sylvia Plath, et sa mère, Aurélia Plath offre une double vision du monde qui ne s’oppose pas mais se complète, évoquant le difficile ou tragique accès de ces deux femmes à la liberté que la société leur conteste.
Le décor dépouillé, réduit à quelques accessoires est éclairé par la musique et la lumière qui émanent des deux interprètes, Delphine Seyrig et sa nièce, aussi complices que mère et fille. La musicalité des voix, douces, fortes, intimes et décidées est renforcée par l’utilisation de sonates pour violoncelle et piano de Robert Schumann, Claude Debussy, Serge Prokofiev et Dimitri Chostakovitch.
Dernières paroles d'Aurélia en hommage à sa fille dont elle a retrouvé le journal intime :
"A partir d'aujourd'hui j'ai décidé de tenir un journal, simplement un endroit où écrire mes pensées et mes opinions. Quand je dispose d'un moment, d'une manière ou d'une autre, il faut que je préserve et retienne le ravissement d'avoir dix-sept ans. Chaque jour est si précieux, je suis infiniment triste à l'idée de tout ce temps qui fond et s'éloigne de moi à mesure que je grandis. Le moment le plus parfait de ma vie c'est bien maintenant. Je ne me connais pas moi-même, peut-être ne me connaîtrai-je jamais, mais je me sens libre, dégagée de toute responsabilité. Je peux encore monter dans ma chambre personnelle où mes dessins sont accrochés au mur et des photos au-dessus de ma commode. Une chambre qui me convient, pas encombrée, paisible. J'adore les lignes calmes des meubles, les deux bibliothèques remplies de livres de poésie et de contes de fées rescapés de l'enfance. Toute ma vie je veux être un observateur, je veux être affectée profondément par la vie mais jamais être si aveuglée que je ne verrais pas ma part d'existence avec humour, sous un jour oblique. J'ai peur de vieillir, j'ai peur de me marier. Épargnez-moi les trois repas à préparer chaque jour. Épargnez-moi le train-train, la routine implacable. Je veux être libre, libre de connaître les gens et leurs milieux, libre d'aller dans les diverses parties du monde. Je veux, je crois, être omnisciente. Je crois que je voudrais qu'on m'appelle la fille qui voulait être Dieu. Peut-être suis-je destinée en réalité à être classée et étiquetée mais je m'insurge contre ça. Je suis moi. J'aime ma chair, mon visage, mes membres. Je me suis construit mentalement une image idéalisée et superbe de moi-même. Cette image, exempte de toute tâche, n'est-elle pas le véritable moi ? La véritable perfection ?