Marilyn Monroe est une légende lorsqu'elle se suicide en août 1962. Rétrospectivement, sa vie resemble à celle d'un martyre des médias et du public. Après sa mort, Warhol base de nombreux travaux sur la même photographie d'elle, une publicité pour le film Niagara (Henry Hathaway, 1953). Il peint la toile d'une seule couleur - turquoise, vert, bleu, jaune citron - puis sérigraphie le visage de Marilyn Monroe dessus, parfois seul, parfois doublé, parfois multiplié en quadrillage. Le champ d'or qui entoure ici Marilyn Monroe (le seul des Marilyn de Warhol à utiliser cette couleur) rappelle les icônes religieuses de l'art chrétien - avec toutetois une résonance morbide.
En redoublant la photographie d'une héroïne partagée par des millions de personnes, Warhol nie l'unicité de la personnalité de l'artiste qui avait jusque là été implicite dans la peinture. Il utilise une technique commerciale - la sérigraphie - qui donne à l'image un aspect net et artificiel. Alors même que Warhol canonise Monroe, il révèle son image publique comme une illusion soigneusement structurée. Évoquant le glamour des années 50, le visage de Marilyn Monroe en or ressemble beaucoup à la star elle-même - brillant, mais éphémère; audacieux, mais vulnérable; convaincant, mais insaisissable. Entouré d'un vide comme le fondu à la fin d'un film.