Strawberry Hill | Horace Walpole | 1775 | ||
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Au début du chapitre "Rupture dans la tradition" de son Histoire de l'art, Ernst Gombrich évoque "la fin des certitudes admises durant des siècles dont l'aube coïncide avec la révolution de 1789". "Auparavant, le style du temps c'était tout simplement la manière courante dont on travaillait, manière qui reflétait le goût général adopté. Avec le siècle nouveau, on commença à se poser des questions sur le style et sur les styles. Beaucoup d'architectes étaient encore convaincus que les règles établies par Palladio étaient les garanties d'un style correct. Mais dès l'instant que l'on consulte des manuels, en de tels manières, il se trouvera inévitablement quelqu'un pour dire : "Mais pourquoi précisément le style de Palladio ?". C'est ce qui arriva en Angleterre au cours du XVIIIe siècle. Certains connaisseurs parmi les plus raffinés voulurent se distinguer des autres. Le type de ces gentlemen qui occupaient leurs loisirs à méditer sur des questions de style et de bon goût, c'est Horace Walpole, le fils du grand homme d'état. Il trouva ennuyeux de voir sa maison de campagne ressembler à n'importe quelle correcte villa palladienne. Il avait le goût de l'étrange, du romantique; il était célèbre pour son humeur fantasque. C'est dans cet esprit qu'il décida de faire bâtir Strawberry Hill dans un style gothique, comme un château de d'un passé légendaire. Lors de sa construction vers 1770, la demeure passa pour la bizarrerie d'un homme qui voulait faire montre de son gout de l'archéologie ; mais, à la lumière de ce qui se fit plus tard, c'était en fait bien davantage. C'était la première manifestation d'une attitude nouvelle à l'égard du style : on choisira bientôt le style d'un édifice comme on choisit le dessin d'une tenture murale."
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