Premier grand succès de Wallis dès l'exposition de ce tableau à l'Académie royale en 1856. Unanimement loué, Ruskin ira même jusqu'à dire que ce tableau est parfait et merveilleux et conseillera aux visiteurs de "'examiner pouce par pouce".
Les couleurs vibrantes, l'habillage soigneux et le soucis du détail symbolique rapprochent ce tableau du mouvement Pré-Raphaelite auquel Wallis appartient plus ou moins (certaines expositions communes). Wallis suit un autre credo de ce mouvement, la fidélité à la nature, en essayant de recréer la même chambre sous les combles que celle où Chatterton s'était tué.
Thomas Chatterton (1752-70) est connu pour une suite de poèmes, écrite sous le nom de Thomas Rowley, moine du 15ème siècle, qu'il a rédigé sur un parchemin et a fait passer comme des manuscrits médiévaux. Condamné durant sa vie comme faussaire par les figures influentes telles que l'auteur Horace Walpole (1717-97), il plus tard a été élevé au statut du héros tragique notamment par le poète français Alfred de Vigny (1797-1863).
Après avoir quitté son travail de petit fonctionnaire, Thomas Chatterton du lutter apprement pour gagner sa vie comme poète. En juin, 1770 il emménage dans une mansarde au 39 de la rue de Brooke et y vit au bord de la famine. En août de cette même année, à dix-sept ans seulement, il s'empoisonne avec de l'arsenic.
Ainsi, plus que le poète, c'est surtout la figure romantique au tempérament
mélancolique et au suicide à dix-sept ans qui a entretenu l'imagination
de nombreux artistes et écrivains.
Wallis conçoit son tableau comme une critique du traitement des artistes par la société. La pose du corps évoque le poète comme un Christ mis au tombeau. Les feuilles de poésie déchirées sur le plancher, la lumière pâle de l'aube brillant par la fenêtre et illuminant la chair blême du poète, la fiole de poison sur le plancher concourent à l'impact émotionnel de la scène.