(1755 - 1842)
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Rococo |
Portrait de jeune femme inconnue | 1775 | Caen, musée des Beaux-arts |
L'archiduchesse Marie-Antoinette | 1778 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
La Paix ramenant l’Abondance | 1780 | Paris, musée du Louvre |
Autoportrait au chapeau de paille | 1782 | Londres, National Gallery |
Portrait de la duchesse de Polignac | 1782 | Versailles, Château. |
Portrait de la duchesse de Polignac | 1783 | Waddesdon, National Trust |
Marie-Antoinette à la rose | 1783 | Versailles, Château. |
Madame Molé-Reymond, de la Comédie italienne | 1786 | Paris, Musée du Louvre |
La marquise de Pezay et la marquise de Rougé avec ses fils Alexis et Adrien | 1787 | Londres, National Galllery |
Marie-Antoinette et ses enfants | 1787 | Versailles, Château. |
Madame Vigée Le Brun et sa fille | 1789 | Paris, Musée du Louvre |
Portrait de madame Perregaux | 1789 | Londres, Wallace Collection. |
Portrait d'une jeune femme | 1797 | Boston, Musée des beaux-arts |
Son père, Louis Vigée, était pastelliste et membre de l’Académie de Saint-Luc. Sa mère, Jeanne Maissin, était coiffeuse et d’origine paysanne. Née le 16 avril 1755 et baptisée à l’Église Saint-Eustache de Paris, l’enfant est aussitôt confiée à des paysans des environs d’Épernon. Elle ne reviendra à Paris que six ans plus tard pour entrer comme pensionnaire à l’école du couvent de la Trinité, rue de Charonne dans le faubourg Saint-Antoine.
Dès cet âge, la jeune Louise-Élisabeth dessine partout, sur ses cahiers, sur les murs de son école. Vers l’âge de sept ou huit ans, Louis Vigée s’extasie devant un dessin de sa fille et sera son premier professeur. À onze ans, la jeune fille quitte le couvent et vient vivre aux côtés de ses parents. Mais très vite, alors qu’elle a tout juste 12 ans, son père meurt accidentellement le 9 mai 1767. Après ce décès, dont elle mettra longtemps à se remettre, c’est un autre peintre, Gabriel-François Doyen, meilleur ami de la famille et célèbre en son temps, qui l’encourage à persévérer dans le pastel et dans l’huile, conseil qu’elle suivra. C’est certainement conseillée par Doyen, qui connaissait bien Gabriel Briard, pour avoir eu le même maître, qu’Élisabeth se rend en 1769, à l’âge de 14 ans, chez ce dernier. Briard est membre de l’Académie royale de peinture, et donne volontiers des leçons, même s’il n’est pas encore professeur. C’est un peintre médiocre qui a toutefois la réputation d’être un bon dessinateur et possède un atelier au Louvre. Élisabeth fait de rapides progrès et déjà, on commence à parler d’elle.
C’est au Louvre qu’elle fait la connaissance de Joseph Vernet, artiste célèbre dans toute l’Europe. Ses conseils font autorités ; il ne manquera pas de lui en prodiguer « J’ai constamment suivi ses avis ; car je n’ai jamais eu de maître proprement dit » écrira-t-elle. Et comme Joseph Vernet ainsi que Jean-Baptiste Greuze, qui s’intéresse aussi à elle, le lui ont conseillé, elle va admirer les chefs-d’œuvre du Luxembourg. De plus la renommée de ces peintres lui ouvre toutes les portes des collections privées des grands seigneurs et des princes à Paris. Élisabeth peut ainsi étudier à loisir les grands maîtres, copier des têtes de Rembrandt, Van Dick ou Greuze, étudier les semi-tons, ainsi que les dégradations sur les parties saillantes d’une tête, elle écrira : « On pourrait exactement me comparer à l’abeille tant j’y récoltais de connaissances... » Toute sa vie ce besoin d’apprendre ne la quittera pas, car elle a compris qu’un don se travaille. Déjà on lui commande des portraits et elle commence à gagner sa vie. En 1768, sa mère se remarie avec un joaillier fortuné, Jacques-François Le Sèvre.
En 1770, le dauphin Louis-Auguste, petit-fils du roi Louis
XV, épouse la fille de l'empereur, Marie-Antoinette d'Autriche à
Versailles. À la même époque, la famille Le Sèvre-Vigée
sinstalle rue Saint-Honoré, face au Palais-Royal. Louise-Élisabeth
sétablit comme peintre professionnelle et les commandes affluent.
Elle a quinze ans. Deux dames richissimes la prendront alors sous leur protection
: Mme de Verdun, épouse dun fermier général mais
surtout une princesse du sang, Louise Adélaïde de Bourbon-Penthièvre,
épouse du duc de Chartres et qui n'a que deux ans de plus qu'elle.
Elle refuse fréquemment les commandes de portraits que lui font les
galants pour la rencontrer. Issue de la petite bourgeoisie, elle trouve sa
place au milieu des grands du royaume dont les premiers, le roi et ses frères
et surs, la reine et les principaux membres de la famille royale sont
de sa génération. En 1775 elle offre à lAcadémie
Royale deux portraits. En récompense, elle est admise aux séances
publiques de lAcadémie.
Le 7 août 1775, Louise-Élisabeth Vigée épouse Jean-Baptiste-Pierre
Le Brun, lointain neveu du peintre Le Brun qui travailla pour Louis XIV. S'il
est un mauvais époux, joueur invétéré, coureur
de jupons insatiable, exploitant la célébrité de son
épouse et mauvais peintre à ses heures, il devient en revanche
un marchand de tableaux très talentueux qui fit beaucoup pour la carrière
de sa talentueuse épouse. Le 12 février 1780, Élisabeth
Vigée-Lebrun donne naissance à sa fille Jeanne-Julie-Louise.
Le succès dÉlisabeth ne se dément pas. Ses portraits
de femmes, à la fois ressemblants et flatteurs, lui attirent la sympathie
de la reine, sa contemporaine exacte, qui fait delle son peintre favori.
Ce sera la protection de Marie-Antoinette, traduite par un ordre de Louis
XVI qui lui permet dêtre reçue à lAcadémie
royale de peinture et de sculpture le 31 mai 1783 en même temps que
sa concurrente Adélaïde Labille-Guiard et contre la volonté
de Pierre, premier peintre du roi. Élisabeth présentera une
peinture (alors quon ne lui en demandait pas), La Paix ramenant labondance (tableau aujourdhui au Louvre), pour être admise en qualité
de peintre dhistoire. Cette belle composition, réalisée
trois ans plus tôt, aurait implicitement dû lui donner le titre
convoité de peintre dhistoire, mais elle sera reçue sans
quaucune catégorie soit précisée.
Un tel succès a des contreparties : on médit, on présente
lartiste comme une débauchée, suspectée dêtre
de toutes les orgies, dêtre une dépensière qui se
chaufferait en brûlant des billets et des lambris dorés, dêtre
lamante de tout Paris. Parmi ses portraits de femmes, on peut citer
notamment celui de Catherine Noël Worlee (la future princesse de Talleyrand)
quelle réalise en 1783 et qui est exposé au Salon de peinture
de Paris de cette même année 1783.
À l’été 1789, Élisabeth Vigée Le Brun se trouve à Louveciennes chez la comtesse du Barry, la dernière maîtresse de Louis XV dont elle a commencé le portrait, lorsque les deux femmes entendent le canon tonner dans Paris. L’ancienne favorite se serait écriée : « Du temps du roi Louis XV, les choses ne se seraient pas passées ainsi ! » Dans la nuit du 5 au 6 octobre 1789, alors que la famille royale est ramenée de force à Paris, Élisabeth quitte la capitale avec sa fille et cent louis, laissant derrière elle son époux qui l'encourage à partir, ses peintures et sa fortune. Elle dira plus tard de la fin de l’Ancien Régime : « Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées. » L’artiste part en exil à Rome, Vienne, Londres, et surtout à Saint-Pétersbourg, où elle fait un séjour de plusieurs années favorisé par des commandes de la haute société russe;et des appuis de Gabriel-François Doyen proche de l'Impératrice et de son fils. Elle demeure en particulier chez la comtesse Saltykoff en 1801. Elle est invitée par les grandes cours d’Europe, peignant sans cesse. Elle se refuse à lire les nouvelles, car elle y apprend que tous ses amis meurent guillotinés, dont son amant Doyen, cousin de Gabriel-François, né en 1759 à Versailles, cuisinier de Marie Antoinette pendant 10 ans. Au musée Jeanne d'Aboville de La Fère, dans l'Aisne, on peut admirer le beau portrait de Madame Adélaïde, fille de Louis XV, exécutée par Marie-Louise-Élisabeth Vigée-Lebrun en 1791, alors qu'elle séjourne à Rome, où se trouvent également les dames de France.
En 1800, sa fille épouse (contre le gré de sa mère) un dénommé Gaëtan Bertrand Nigris. C'est pour elle un déchirement. Déçue par son mari, elle avait fondé tout son univers affectif sur ce seul enfant. Les deux femmes ne se réconcilieront jamais totalement. En 1800 également, elle est rayée de la liste des émigrés et peut rentrer à Paris, chose qu’elle ne fera que deux ans plus tard.
En 1805 elle peint Caroline Murat, une des sœurs de Napoléon, et cela se passe mal : « J’ai peint de véritables princesses qui ne m’ont jamais tourmentée et ne m’ont pas fait attendre. » dira le peintre quinquagénaire de cette jeune reine parvenue. En 1809, Élisabeth Vigée-Lebrun a 54 ans. Elle vit entre Paris, où elle tient salon, et Louveciennes où elle a une maison de campagne voisine du château de feu la comtesse du Barry (guillotinée en 1793) dont elle avait peint trois portraits avant la Révolution. Son mari meurt en 1813, sa fille en 1819 et son frère Étienne Vigée en 1820.
Madame Vigée-Lebrun publie ses Souvenirs vers 1835. Ils connaîtront un grand succès et restent un document très intéressant sur les bouleversements de cette époque qu’elle a vécus de si près. Elle a connu les personnages marquants de son époque, tous les artistes de renom et toutes les Cours. Elle s’éteint à Paris à son domicile de la rue Saint-Lazare le 30 mars 1842 et est enterrée au cimetière de Louveciennes, avec pour épitaphe « Ici, enfin, je repose ... ».