Le banquier siennois, Agostini Chigi, a joué un rôle très important dans les activités culturelles et artistiques qui ont fleuri autour de Jules II. Sa maison construite à la périphérie de Rome en 1509-1510, est conçu comme un modèle de luxe et d'élégance. Lorsque plus tard, elels era acquise par la famille Farnèse, on la nomera La Farnesina. Agostini Chigicommande ses décorations, trois fresques inspirées de la mythologie classique, aux artistes les plus célèbres de l'époque, Baldassarre Peruzzi, Sebastiano del Piombo et Raphaël.
Raphaël choisit pour sujet un verset d'un poème du florentin Angelo Poliziano, qui a également inspiré Botticelli pour sa Naissance de Vénus. Ces lignes décrivent comment le géant Polyphème chante maladroitement une chanson d'amour à Galatée, nymphe marine qui se déplace à travers les vagues dans un char tiré par deux dauphins. Celle-ci rit de sl chanson grossière, alors que la joyeuse compagnie des autres dieux marins et nymphes se presse autour d'elle.
La fresque de Raphaël montre Galatée avec ses gais compagnons alors que le géant est représenté dans la fresque de Sebastiano del Piombo, qui se trouve à gauche de celle de Raphaël.
La composition est riche et complexe. Chaque personange semble correspondre à un autre, chaque mouvement répondre à un contre-mouvement. Ainsi les petits Cupidon avec leurs flèches qui visent au cur de la nymphe : non seulement ceux de droite et de gauche se font écho, mais celui qui nage à côté du char regarde celui vole plus haut.
Même correspondance dans les groupes des dieux marins qui semble être «rouler» autour de la nymphe. Deux aux marges gauche et droite soufflent dans leurs coquilles marines, deux couples à l'avant et à l'arrière de Galatée s'enlacent. Plus admirable encore ces divers mouvements semblent en quelque sorte réunis dans la figure de Galatée elle-même. Son char la conduit de gauche à droite avec son voile soufflé vers l'arrière, mais en écoutant la grossière chanson d'amour, elle se retourne et sourit, et toutes les lignes du tableau, des flèches des regards des dieux et des rênes qu'elle tient, convergent vers son beau visage au centre de la composition.
Raphaël donne ainsi l'idée d'un perpetuel mouvement, sans agitation ou déséquilibe du tableau. C'est pour cette maîtrise suprême dans l'organisation ses personnages, cette habileté consommée dans la composition, que Raphael est admiré depuis des générations. Tout comme Michel-Ange a atteint le plus haut sommet dans la maîtrise du corps humain, Raphaël est considéré comme celui ayant accompli ce que les générations plus ancienne avaient tenté d'atteindre: la composition parfaite et harmonieuse dans le déplacement des personnages.
Une autre qualité était fort admiré chez Raphaël par ses contemporains et par les générations suivantes : la beauté de ses figures. Quand il eut fini Galatée, Raphaël est interrogé par un courtisan puis par tous pour savoir où il avait trouvé un modèle d'une telle beauté. Il répondit qu'il ne copiait pas un modèle particulier, mais cherchait plutôt à suivre "une certaine idée" qu'il avait à l'esprit. Dans une certaine mesure, le Peruguin puis, Raphaël, son élève avaientt abandonné le portrait fidèle de la nature, ambition des artistes du Quattrocento, pour délibérément imaginer une beauté régulière et parfaite. L'artiste essaie alors de modifier la nature selon l'idée de la beauté qu'ils s'était formé en regardant lestatues classiques ; il idéalise le modèle. C'est une tendance qui n'est pas sans danger, car, si l'artiste cherche délibérément à "améliore" la nature, son travail peut facilement devenir maniéré et insipide. Chez raphaêl toutefois ce processus se fait sans perte de vitalité et de sincérité. Il n'y a rien de schématique ou de calculé dans la beauté de Galatée.