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Vénus montrant ses armes à Enée

1639

Vénus montrant ses armes à Enée
Nicolas Poussin, 1639
Huile sur toile, 107 x 121 cm
Rouen, Musée des Beaux-arts

C’est en 1639 que Poussin, installé à Rome depuis cinq ans, peint pour son ami le peintre Jacques Stella cette peinture soigneusement documentée aux sources de l’Antiquité classique. Il s’inspire ici de l’Enéide de Virgile. Et très précisément, il interprète le passage où Vénus montre à Enée (le fils qu’elle a eu d’Anchise), les armes qu’elle a demandé pour lui au dieu Vulcain.

Le héros s’avance dignement, avec un geste de noble étonnement ; dans les airs, la déesse domine la scène, précédée d’amours et suivie du cygne, protectrice et impérieuse. Enfin, suspendues aux branches d’un chêne, les armes destinées à Enée : il en a besoin en cette veille du jour où il doit livrer contre Turnus la bataille qui décidera de son installation dans le Latium et de la fondation de Rome.

Le rythme ternaire d'Enée, de Vénus et des armes est repris par les trois arbres qui scandent la composition comme par les trois divinités fluviales avec leurs trois urnes.

On notera l’enchaînement parfaitement combiné des gestes de la déesse et du héros. En face d’eux, le bouquet d’armes rutilantes et sonores met Enée face à son destin. Le tableau est l’un des plus parfaits exemples de la « poésie peinte » de Poussin, où l’instant suspendu semble contenir toute l’histoire à venir.