Cest en 1639 que Poussin, installé à Rome depuis cinq ans, peint pour son ami le peintre Jacques Stella cette peinture soigneusement documentée aux sources de lAntiquité classique. Il sinspire ici de lEnéide de Virgile. Et très précisément, il interprète le passage où Vénus montre à Enée (le fils quelle a eu dAnchise), les armes quelle a demandé pour lui au dieu Vulcain.
Le héros savance dignement, avec un geste de noble étonnement ; dans les airs, la déesse domine la scène, précédée damours et suivie du cygne, protectrice et impérieuse. Enfin, suspendues aux branches dun chêne, les armes destinées à Enée : il en a besoin en cette veille du jour où il doit livrer contre Turnus la bataille qui décidera de son installation dans le Latium et de la fondation de Rome.
Le rythme ternaire d'Enée, de Vénus et des armes est repris par les trois arbres qui scandent la composition comme par les trois divinités fluviales avec leurs trois urnes.
On notera lenchaînement parfaitement combiné des gestes de la déesse et du héros. En face deux, le bouquet darmes rutilantes et sonores met Enée face à son destin. Le tableau est lun des plus parfaits exemples de la « poésie peinte » de Poussin, où linstant suspendu semble contenir toute lhistoire à venir.