Le bombardement de la petite ville de Guernica le 26 avril 1937 a causé à Picasso une émotion sans pareille. Aussitôt, il exécute les premiers dessins et met en place les principaux éléments de l'uvre : le taureau impassible, le cheval agonisant, le combattant étendu sur le sol, la porteuse de lumière. Le 11 mai, Picasso commence l'uvre sur toile. Il tâtonne, exécute sept versions, photographiées par Dora Maar. Ce témoignage de la genèse de l'uvre est exceptionnel.
Guernica est peint en noir et blanc. Les principales lignes de force du tableau forment un triangle. Au centre, le cheval agonisant, transpercé d'une lance, domine le combattant blessé. La partie gauche est occupée par l'inébranlable taureau dont l'origine artistique et mythique remonte à l'âge minoen. Il symbolise la force. Trois femmes forment un chur tragique : celle de droite tombe dans une maison en flamme, la deuxième s'enfuit en courant et la dernière, une mère, hurle avec son enfant dans les bras. Guernica est un immense cri. Toutes les têtes sont béantes et, sauf celle de la femme témoin et du taureau, tournées vers le haut. Le thème, qu'on retrouve d'ailleurs dans tous les tableaux guerriers de Picasso, jusqu'à L'enlèvement des Sabines, est celui du massacre des innocents.