Ce tableau est considéré comme l'une des premières oeuvres symbolistes de Munch et comme le premier tableau symboliste norvégien. Ce motif repris plusieurs fois en peinture et par l'estampe, fut inspiré à Munch par le désespoir amoureux de son ami le critique Jappe Nilssen. Le paysage dans lequel le personnage prend place n'est absolument pas réaliste comme le montrent les formes étranges au premier plan à gauche du personnage, formes qui symbolisent plus qu'elles ne représentent des rochers.
Ce paysage marin, sombre et tortueux est un reflet de l'état d'âme, mélancolique, du personnage. La couleur est audacieuse, arbitraire et disposée en aplats cloisonnés. Les formes sont simplifiées et stylisées, dominées par les grandes lignes courbes.
"Symbolisme - la nature est formée par l'état
d'âme de l'observateur" écrit Munch. C'est bien la vision de l'âme
qui intéresse Munch, et non celle des yeux. Les thèmes de la mélancolie,
l'angoisse, la maladie, la mort seront traités par Munch dans "La
Frise de la vie" qui regroupe les productions majeures des années
1890, parmi lesquelles Le Cri, Le Baiser, Vampire, Madone. Les mêmes
motifs sont obsessionnellement repris dans la peinture puis, à partir
de 1896 dans la gravure pour leur conférer plus d’angoisse ou de joie,
d’exaltation ou de désespoir. Munch dit lui-même : "La Fresque
de la vie a été pensée comme une série cohérente de tableaux, qui doivent
donner un aperçu de la vie. Toute la fresque est traversée par la ligne
diffuse du rivage, au-delà de laquelle déferle la mer toujours en mouvement
; les diverses formes de la vie se déploient sous le couvert des grands
arbres, avec leurs soucis et leurs joies. J'ai ressenti cette fresque
comme un poème de vie, d'amour, de mort... Les tableaux avec les rivages
et les arbres – ce sont toujours les mêmes couleurs qui réapparaissent
ici -, la nuit d'été donne l'accord-, les arbres et la mer donnent des
lignes verticales et horizontales qui se répètent sur toutes les toiles,
le rivage et les personnages donnent le ton de la vie qui foisonne à
son gré -, des couleurs puissantes répandent à travers toutes les toiles
l'écho du même accord..."