La datation de la peinture pose problème et s'étend de la fin de la période de l'artiste à Padoue (1471) jusqu'en 1501.
La perspective est le trait le plus remarquable du tableau. Dans une lettre écrite le 2 octobre 1506 au duc de Mantoue, Ludovico Mantegna a mentionné un "Christ peint en raccourci" parmi les travaux laissés par son père. Il date probablement des années 80 et serait resté pendant longtemps dans l'atelier de Mantegna qui l'avait peut-être prévu pour son enterrement. De fait, il a été exposé à la tête de son catafalque quand il est mort. Plus tard, il a été acquis par Sigismondo, cardinal de Gonzague, et est entré à la pinacothèque de Brera en 1824.
Typique de l'art de Mantegna, ce cadre très simple qui définit une pièce froide et morne comme celle d'une morgue. Le spectacle y est presque monstrueux : un cadavre lourd dans une perspective exagérée. Au premier plan, deux énormes pieds avec deux trous et, à gauche, deux personnes le regardant.
La couleur harmonise toutefois les rides du Christ et le satin de l'oreiller rosâtre, les granulations du bloc de marbre et l'onyx de la fiole d'onguent.
Le réalisme de Mantegna fait fi de tout idéalisme et est dominé par un sentiment poétique exalté pour la souffrance et la passion du Christ et, partant, du sens tragique de l'histoire et du destin de l'homme, toujours pris entre le bien et le mal, la vie et la mort.