En 1890, Majorelle met sur pied un atelier exclusivement consacré à la réalisation d'éléments en bronze, cuivre ou fer forgé destinés à l'ornementation de ses meubles. Puis, à partir de 1898, le travail du métal devient le terrain de multiples investigations qui contribuent à l'élaboration du style Majorelle. Aussi n'est-il pas surprenant que, dans la collaboration Daum-Majorelle qui se concrétise en 1903, l'élément prépondérant soit Majorelle lui-même. C'est lui qui fournit le dessin des piètements en fer forgé ou en bronze, c'est lui qui choisit formes, décors et tailles des divers types d'éclairage.
Le modèle de cette lampe de table n'est à ce jour connu par aucun autre exemplaire. Il emprunte à un modèle de 1903 le globe floral, ses supports en forme de larges feuilles enroulées et le pied constitué par l'assemblage de plusieurs tiges végétales. Tous ces éléments apparaissent comme une stylisation du nénuphar.
Le modèle de 1903 présentait à sa base, émergeant de l'eau, plusieurs petits batraciens dont la présence accentuait de manière naïve et peu adroite la suggestion du monde aquatique. La base de notre modèle est tout autre. Animée par les souples ondulations des tiges, dont certaines se terminent par des inflorescences, elle confère à l'objet un élan dynamique et ascendant d'une grande élégance qui culmine avec l'éclosion de la fleur lumineuse.
Il faut par ailleurs souligner l'état de conservation exceptionnel de cette lampe : il est en effet très rare que le piètement et le cache-ampoule ne soient pas dépareillés.