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La ville de Paris

1912

La ville de Paris
Robert Delaunay, 1910-1912
Huile sur toile 267 x 406 cm
Paris, Musée National d’Art Moderne

Conçue pour le Salon des Indépendants de 1912 où elle est présentée de mars-à mai, La Ville de Paris affiche, par son format monumental et sa richesse iconographique, les ambitions de Robert Delaunay. On y trouve une vue de Paris et la tour Eiffel, motifs récurrents de son œuvre avec un thème inédit chez lui, celui des Trois Grâces

Le déroulé en accéléré de gauche à droite pourrait résumer son passage du cubisme à l’abstraction par le biais des contrastes simultanés. La peinture accumule les citations et les emprunts stylistiques : à Pompéi, au Greco, à Cézanne, à l’autoportrait Moi-même – portrait paysage (1890) de son maître le Douanier Rousseau.

L’écart entre le sujet moderne de la tour Eiffel et le sujet classique des Trois Grâces (qui sont étudiées en détail dans une série d’aquarelles et d’huiles) pourrait laisser penser à un manifeste en faveur d’une synthèse entre l’ancien et le nouveau si le trio féminin ne faisait pas explicitement référence aux Demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso, notamment par le caractère primitiviste des visages. Les trois parties de la composition sont unifiées par l’effet de surface des plans miroitants qui font disparaître les formes dans la couleur.

« Vision de Paris : transition vers la couleur constructive, état entre le constructif et le destructif. […] Synthèse de la Ville et de la Tour […]. Les nus féminins sont des immeubles, les immeubles, des nus. La grâce ancienne réapparaît : Pompéi ! Mais noyé dans un désir de nouvelle composition » (R. Delaunay, Du cubisme à l’art abstrait).

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