Un couple assis devant une fontaine ; le garçon tient sur sa jambe droite une corbeille contenant des grappes de raisin, la fille aussi, sur une sorte de nappe. Comme dans beaucoup de tableaux de Boucher, les visages sont enfantins. Aussi est-il difficile de donner un âge aux personnages. Ils adoptent une pose alanguie, leurs regards sont remplis de tendresse. En réponse au geste de son compagnon, la jeune fille, immobile, le remercie du regard. A droite un garçonnet se repose sur des blés fauchés. Ils sont entourés dun chien et de moutons.
L'immense fontaine surplombée de chênes dont on ne voit pas la cime occupe les deux tiers du tableau. On distingue à gauche une forêt touffue, sombre. À droite, la vue est dégagée même si des nuages cachent les rayons du soleil.
La pastorale semble évoquée dans ses deux sens : celui du pasteur qui garde les moutons et celui, dérivé, du genre du paysage champêtre. Mais le temps qui passe est un thème majeur dans ce tableau. La fontaine est usée par les années et commence à être recouverte par la végétation. L'été s'est achevé et alors, que l'eau coule encore, il est grand temps de ceuillir les plaisirs de sasison.
Comme lindique le titre, la scène se déroule à lautomne : les épis de blé fauchés , le raisin est mûr et les feuilles des arbres brunissent. Cependant, les circonstances sont plus difficiles à préciser : le jeune garçon à droite laisse préjuger par ses habits quil est un berger, en train de faire une pause alors quil garde des moutons. La présence du couple est incongrue. Le jeune homme et la jeune femme sont habillés élégamment ; respectivement chemise rouge, chemisette blanche, pantalon marron clair et robe bleue à manches jaunes. Ils peuvent difficilement garder les moutons ainsi le premier a dû remonter son pantalon, la seconde les manches de sa robe , dautant plus quils sont pieds nus et ne semblent pas avoir de chaussures près deux.
Il sagit en réalité dune entrevue à labri des regards indiscrets. Dans cet endroit, le couple avait lintention de se retrouver seul ou du moins sans être regardé. Ce nest quune fausse impression : ils sont observés du coin de lil par le jeune garçon qui feint de sêtre assoupi. Les visages sculptés du vase semblent en faire de même, comme les putti en bas relief de la fontaine, enlacés dune manière symétrique au couple devant eux. Ce sont donc trois regards, plus celui du spectateur, qui sont posés sur la scène.
Cette scène de genre plait beaucoup auprès de la frange de la population qui, récemment enrichie, ne porte pas un vif intérêt à la peinture d’histoire. Le peintre a tout loisir de mettre en œuvre ses compétences : il utilise des couleurs chatoyantes pour les personnages et fait preuve d’une grande maîtrise dans la représentation des textures (eau qui coule, vêtements).