Il est probablement exagéré de considérer comme un événement exceptionnel l'exposition de Rouen qui a lieu en 2006. Seuls des spécialistes trés pointus pourront en effet qualifier de célèbres les tableaux de Mantegna, Raphaël, Andrea del Sarto, Bronzino Titien et Tintoret présentés.
Avec 80 peintures, sculptures et objets d'art des musées de Florence, et en particulier de la Galerie des Offices, l'exposition s'est trouvé un fils conducteur un peu passe-partout : la représentation de l'homme et de sa place dans le monde.
Composée en majorité de petits formats où le portrait prédomine, l'exposition prétend rien moins que "mettre en évidence la nouvelle exploration psychologique et spirituelle rendue possible par les progrès fulgurants de la technique picturale au XVe et au XVIe siècles :
L'humanisme instaure un équilibre entre l'art religieux totalement renouvelé (Masaccio, Fra Angelico, Uccello, Filippino Lippi, Corrège) et l'art profane, avec ses effigies d'hommes illustres (le Pippo Spano d'Andrea del Castagno), de princes (Cosme II de Médicis et Marie-Madeleine d'Autriche par Allori) ou de particuliers. La redécouverte de l'antiquité est également évoquée, à travers ses figures historiques (la pathétique Lucrèce d'Antonio Bazzi dit le Sodoma, l'une des oeuvres inédites restaurées à l'occasion de l'exposition) et bien sûr sa mythologie.
Celle-ci, désormais indissociable de l'art européen, sera traduite tour à tour dans une grâce sublime (Pallas et le centaure de Botticelli, Vénus de Lorenzo di Credi), un maniérisme exubérant (L'Âge d'Or de Jacopo Zucchi) ou un héroïsme profondément humanisé (l'Hercule du Guerchin). Au XVIIe siècle, scènes antiques et bibliques se teintent de réalisme et de ténébrisme (Furini, Dandini). L'artiste lui-même affirme à partir du XVIIIe siècle son rôle éminent dans la société, comme en témoignent quelques magnifiques autoportraits (Solimena, Pompeo Batoni).
L'exposition se clôt sur le néoclassicisme avec le buste en marbre de Leopold II de Lorraine par Lorenzo Bartolini et l'autoportrait d'Angelica Kaufmann.
C’est tout le réseau des musées d’Etat de Florence qui a permis cette exposition : à côté des musées déjà cités, la Galerie Palatine et le Museo degli Argenti du Palais Pitti, le Palazzo Vecchio, le musée du Bargello, la Galerie de l’Académie, le musée de San Marco pour Fra Angelico. Enfin, deux objets précieux figurant dans des portraits sont prêtés par le musée archéologique de Naples et par une collection privée."