Maxime Gorki (parfois orthographié Gorky), nom de plume dAlekseï
Maksimovitch Pechkov, est né le 28 mars 1868 à Nijni Novgorod.
Il est considéré comme un des fondateurs du réalisme
socialiste en littérature et un homme engagé politiquement et
intellectuellement aux côtés des révolutionnaires bolcheviques.
Enfant pauvre et autodidacte, formé par les difficultés et les
errances de sa jeunesse, passé par le journalisme, il devient un écrivain
célèbre dès ses débuts littéraires. Auteur
de nouvelles pittoresques mettant en scène les misérables de
Russie profonde (Essais et Histoires, 1898), de pièces de théâtre
dénonciatrices comme Les Bas-fonds en 1902 ou de romans socialement
engagés comme La Mère, publié en 1907, il racontera aussi
sa vie dans une trilogie autobiographique : Enfance/ Ma vie d'enfant (1914),
En gagnant mon pain (1915-1916), Mes universités (1923).
Dès ses débuts littéraires, Gorki partage l'idéal
des partis progressistes et se lie avec les bolcheviks et avec Lénine.
Plusieurs fois emprisonné pour ses prises de position, en particulier
lors de la révolution de 1905, il quitte la Russie et voyage aux États-Unis
pour collecter des fonds pour le mouvement bolchevique. À son retour
en 1906, il doit s'exiler à Capri pour des raisons à la fois
médicales et policières.
Rentré en Russie à la suite d'une amnistie en 1913, Maxime Gorki
est proche de Lénine et des révolutionnaires, mais formule des
critiques dès novembre 1917 qui lui valent les menaces du pouvoir :
inquiet et malade de la tuberculose, il quitte la Russie en octobre 1921 et
se fixe de nouveau dans le sud de l'Italie en 1924.
Encouragé par Staline, il revient plusieurs fois en URSS après
1929 et s'y réinstalle définitivement en 1932 : il devient un
membre éminent de la nomenklatura soviétique et participe à
la propagande du régime qui l'honore mais le surveille en même
temps. Il meurt en juin 1936 dans des circonstances qui ont prêté
au soupçon, mais ses funérailles nationales l'établissent
comme l'écrivain soviétique exemplaire qu'immortaliseront écrits
et statues.
Les oeuvres de Maxime Gorki et leurs adaptations
1898 : Esquisses et Récits. Lance sa carrière
d'écrivain pittoresque et social. Ce recueil de textes courts publiés
précédemment dans les journaux décrivait la vie des petites
gens en marge de la société (les « bossiaks », les
va-nu-pieds), révélant leurs difficultés, les humiliations
et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur
profonde humanité.
1902 : Les bas-fonds . Pièce de théâtre
représentée en 1902 dans laquelle un idéaliste finalement
admis par un groupe de personnages des bas-fonds de la société
(prostituées, voleurs, criminels ...) réussit à leur
transmettre un message d'espoir et de pensée positive.
1902 : Les Petits Bourgeois : un ouvrier défend avec conviction et
assurance les valeurs de la vraie humanité que l'intelligentsia a trahies.
1905 : Les Enfants du soleil : pièce de théâtre formellement
située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais
clairement comprise comme représentant les événements
de 1905 et la tentative de révolution. Cette pièce pamphlétaire
critique les intellectuels russes qui restent dans les débats théoriques
alors que la situation exige un engagement dans l'action.
1905 : Les Barbares : pièce foisonnante montrant le quotidien mesquin
d'une petite ville de province dont les oppositions sociales et les égoïsmes
sont révélés par l'irruption de deux ingénieurs
venus préparer l'arrivée du chemin de fer.
1907 : La Mère . Son roman le plus célèbre, dont le thème
est la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du
peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils pour agitation sociale.
1908 : La Confession : Matveï, enfant trouvé, cherche la vérité
sur Dieu et découvre que c'est le peuple qui par son énergie
collective peut changer le monde. La religiosité du propos autour de
la fonction messianique du peuple a été condamnée par
les marxistes, Lénine en tête.
1914 : Ma vie d'enfant / Enfance
1916 : En gagnant mon pain
1918 : Pensées intimes : série de critiques du bolchevisme au
pouvoir qui n'ont été publiées en Russie qu'après
la chute de l'Union soviétique.
1923 : Mes universités , Le Patron : récits
autobiographiques de l'enfance à l'âge adulte.
1924 : Notes de Journal
1934 : Humanisme prolétarien
Dans les bas-fonds vit un petit monde de déshérités et de "damnés de la terre", dans un misérable asile tenu par Mikhail Ivanovitch Kostylev et sa femme Vassilia Karpovna, couple de propriétaires avares et impitoyables. On y trouve entre autres un acteur déchu et alcoolique, qui pense qu'il va remonter sur scène, un ferrailleur et sa femme moribonde, un joueur invétéré, une prostituée de bas étage, et un voleur qui n'a pas froid aux yeux, ni peur de la police, Vassili Pepel.
Un jour, alors que la vie semble tant bien que mal suivre son cours dans l'asile, arrive Louka, un mystérieux vieillard. C'est autour de lui que vont se cristalliser les espoirs des petites gens qui vivent là. Le vieux leur permet en effet pour la première fois de croire à leurs espoirs et rêves. Il a en effet compris que le bonheur des gens peut passer par le mensonge: il confirme ainsi leurs espoirs comme possibles: il dit à l'ex-acteur alcoolique qu'il existe un temple où pourra se désintoxiquer, à la vieille femme en train de mourir que l'au-delà est meilleur que le réel, à la jeune prostituée qu'elle trouvera un jour le mari de ses rêves...
Après avoir été l'amant de la propriétaire de l'asile, Vassilia Karpovna, Vassili Pepel, tombe amoureux de sa soeur Natacha et souhaite l'enlever à toute cette misère en quittant la ville. Mais Vassilia Karpovna d'abord jalouse, accepte à une seule condition, que Pepel la débarasse de son mari. Alors que Natacha semble prête à suivre le voleur repenti, la propriétaire profite d'une scène de confusion pour tuer son mari et faire accuser Pepel qui est arrêté. Le seul à pouvoir le disculper, Louka s'est enfui : il semble lui aussi avoir une part d'ombre et beaucoup de choses à cacher à la police. Natacha devient folle. Fêtant la mort du propriétaire, les autres boivent, chantent et dansent en cadence, lorsqu'ils apprennent que l'acteur s'est pendu. Le joueur dit alors en guise d'oraison funèbre: "L'imbécile s'est tué pour nous gâcher le plaisir... "
Gorki dénonce la misère. Ses personnages se trouvent au bord du gouffre, il essaie de les empêcher de tomber en ajoutant Louka, un personnage de compassion. La compassion est tout ce qui reste quand les êtres sont prisonniers de la misère. Elle éveille le dégoût de cette vie endormie, agonisante. Eveil qui provoque l’irruption du rêve. Rêve qui provoque l’irruption de la beauté dans la vie misérable des hommes. A travers l’action de Louka, Gorki met la compassion à la portée de tout un chacun.