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Editeurs : Potemkine et Agnès B, Novembre 2012. Double DVD 20 €, Blu-ray 23 €. Suppléments :
De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ? |
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D'une certaine façon, Holy motors est un film à sketches reliés par le personnage d'Oscar qui doit accomplir les neuf missions qui constituent l'essentiel du film. Les neuf missions sont proposées comme une suite de collages sans que rien ne vienne rappeler le précédent même si les thèmes de la mort, de l'épuisement et de l'échec les traversent tous. Cet ensemble est lui-même porté par le rêveur, Carax, qui entraine son alter-ego, Oscar, dans des mondes où le corps de l'acteur est valorisé comme il l'était dans le cinéma des origines ou comme les moteurs des voitures et des caméras l'étaient au XXe siècle. Cette valorisation du corps de l'acteur est la boiterie du film, ce en quoi il est proprement singulier, émouvant et bouleversant au travers des histoires racontées (suite de la critique : ici).
Drive in Holy Motors (Tessa Louise Salomé,2008,
0h48)
Caroline Champetier reçoit le scénario deux ans avant le début du tournage. Elle accepte en sachant qu'il ne s'agit pas d'un scénario pour plaire, pour accrocher le producteur. Le personnage de Céline est celui auquel elle s'identifie le plus. C'est quelqu'un qui, comme elle, conduit une machine. Fascinante Edith Scob qui vient des Yeux sans visage et dont le chignon est sans doute celui de Vertigo. Tout a été difficile ; chaque séquence
posait un problème technique à résoudre. Chaque
scène représentait un défi. Au départ, le
fond vert paraissait une évidence. Mais Leos, avec l'opiniâtré
qui est la sienne a refusé le fond vert. Il ne voulait pas quelque
chose de complétement réaliste. Peut-être on aurait
pu aller vers quelque chose de plus proche de Méliès,
des ombres chinoises... Le mocap (motion capture) a été l'objet de la première réunion de travail. Il n'était pas possible que les points lumineux soient des ampoules électriques. Carax a proposé des boules fluorescentes et a composé le costume, boule à boule. Apres, il a été éclairé avec de la lumière noire. Mais quand la contorsionniste arrive, il faut pouvoir voir le rouge qui aurait été détérioré par la lumière noire et il fallait voir la chair. Travail fiévreux, travailleur de nuit, inoubliable séquence de la Samaritaine. Denis Lavant révèle que le personnage de Merde était destiné à un film nommé Actors, un projet en hommage à Kurosawa. Hyde personnage de cirque de rue expérimenté à Avignon. Langue secrète le film contient des rappels de Mauvais sang et des Amants du pont neuf. Le maquillage est indispensable pour rentrer dans la peau, la prothèse, du personnage. Père de famille à mi-chemin entre lui et Leos. Carax évoque (son inaudible qui oblige au sous-titrage) son souhait jamais entrepris d'un documentaire sur els mendiantes roumaines du pont du change dans lequel il craignait d'être englouti. Courtes interventions d'Edith Scob et Kylie Minogue. Conversation avec Leos Carax au Festival de Locarno
- 62'
Locarno a décerné un léopard d'honneur à Carax pour l'ensemble de son uvre. Carax a accepté l'invitation d'Olivier Père de rencontrer le public à condition que l'on n'aborde son film sous l'angle de la cinéphilie. Selon lui, il n'y a en effet pas plus de deux ou trois choses qui s'appuient sur autre choses... mais pas beaucoup plus que dans d'autres films. Les gens sont obnubilés par ces références parce que le film parle de cinéma. Mais le cinéma, est plus proche de la vie que de la cinéphilie. On peut voir le film sans avoir vu d'autres films. Le film est simple si on accepte de pas savoir où l'on va pendant vingt minutes. Ossip Mandelstam, le poète russe, disait "De personne, jamais je ne serai le contemporain". Les deux premières semaines trop étouffantes; il faut refaire. Carax ne revoit pas ses films et ne sait pas ce qu'il en pense. N'a pas peur du ridicule. Ils peuvent paraitre grotesques à certains Limousines érotiques et morbides, faites pour être vues et opaques, bulles virtuelles. C'est un bel objet de cinéma et il est normal que différents cinéastes s'en emparent. Contre le virtuel et pour les machines et les corps. J'aime l'invisible qui est habité, le virtuel est un monde sans responsabilité. On se sent moins puissant avec les petites caméra, on a du mal y croire dit Oscar. Carax a découvert le cinéma, le pays du cinéma qui lui a sauvé la vie à seize ans. c'est une île entourée d'eau : à la fois protectrice et difficile à atteindre. Voir des films c'est un rêve, les faire pas du tout. On fait des films pour les morts et on les montre à des vivants. Il faut penser à eux de temps en temps. La porte d'entrée doit arriver avant la fin. Parler cinéma c'est un cauchemar; parler cinéma en plein jour, c'est un gros cauchemar...
Scènes coupées- 8'
Dans son intervention ci-dessus, Leos Carax déclare
que le spectateur doit accepter de ne pas savoir où il va durant une
vingtaine de minutes mais que la porte d'entrée doit arriver avant la
fin. Cette porte s'ouvre après l'épisode six : Oscar est un acteur qui
gagne sa vie dans un futur proche où le cinéma se fait avec de petites
caméras dans des décors naturels pour des commanditaires en Rolls. Les
scènes coupées montrent que la porte aurait pu s'ouvrir plus tôt (Kay
M et Merde se quittent) ou être plus largement ouvertes (Le patron des
caméras invisibles, M. Oscar et Denis). La scène chantée aurait pu l'être
a cappella (Kylie a cappella).
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présentent
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Holy
motors de Leos Carax
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