Editeur : Montparnasse, novembre 2011. Coffret 10 DVD. Formats image : 1.33, 1.55, 1.77, 1.85. Durée totale : 26h. 70 €

Suppléments :

  • Les fils de l’eau (DVD 1) Film produit par Pierre Braunberger à partir d'extraits en noir et blanc de cinq précédents films en couleur de Jean Rouch : Yenendi, les hommes qui font la pluie, Cimetières dans la falaise, Les gens du mil, La circoncision, La chasse à l'hippopotame (1953, 0h54).
  • Livret de 40 pages qui donne les synopsis de chacun des films du coffret, ainsi qu’une biographie de leurs auteurs. Il permet également de retrouver une "boîte à malices" des mots rouchiens, brèves notes de Jean Rouch pour introduire les documentaires retenus pour le Bilan du film ethnographique. Et aussi un texte de Jean Gaumy, membre de l’agence Magmum, qui revient sur son film présent dans le coffret, La Boucane.

En 1982, le cinéaste Jean Rouch créait à Paris un festival qui permettait de "…voir, discuter, détester, adorer des films venus des quatre coins du monde…". En trente ans, ce sont plus de mille trois cents documentaires qui ont été "vus, discutés…", pour découvrir et comprendre la vie de tous. À l’occasion des 30 ans du festival Jean Rouch, ce coffret de 10 DVD rassemble 25 films primés depuis 1982. 25 documentaires venant des quatre coins du monde, pour comprendre comment vivent "vraiment" les gens dans les tribus reculées du bout de notre planète mais aussi, plus près de nous, à Tokyo par exemple, dans l’intimité d’une famille japonaise (Le départ). Autant de films qui sont le reflet de l’évolution sociale et culturelle des sociétés humaines et de la richesse de leur diversité. Nous pouvons les appréhender comme de jolis contes ethnographiques, une fenêtre géniale ouverte sur l’humain et d’autres cultures, mais aussi -pour certains- comme de véritables films de grands reporters engagés comme ce reportage de Thierry Michel qui filme les contrastes de Kinshasa (Zaïre, le cycle du Serpent), ou celui de Jean-Marie Teno et la dictature au Cameroun (Chef !)

Des plaines de Russie aux hauts plateaux éthiopiens, des montagnes de Chine aux collines normandes où l’on découpe les harengs (La Boucane), en passant par le désert australien…nous découvrons pèle mêle l’histoire attachante de Zabulon et Isaac, les deux derniers juifs de Kaboul (Cabale à Kaboul), l’humour des femmes d’une tribu polygame du Kenya (Une femme parmi les femmes), la vie de l’ultime indien de Californie (Ishi le dernier Yahi), et celle du chef Rop-ni, amérindien que se met en scène avec le chanteur Sting pour attirer l’attention des médias (Les Kayapos sortent de la forêt), ou la vie au quotidien des habitants de Cuba, en 2007 encore seulement (Cuba, l’art de l’attente)…

Une femme parmi les femmes
(Judith et David MacDougall,1981)
La boucane
(Jean Gaumy, 1984)

DVD 1 : UNE FEMME PARMI LES FEMMES de David MacDougall et Judith MacDougall KENYA - 1981 - 16 MM - 70 MINUTES.
Dernier film de la célèbre trilogie Turkana Conversations, Une femme parmi les femmes s’attache à comprendre comment les Turkanas – éleveurs semi-nomades relativement isolés du nord-ouest du Kenya - et en particulier les femmes turkanas, voient le mariage. Le film mêle des conversations avec plusieurs femmes exceptionnelles, et les préparatifs d’un mariage dans le voisinage. Elles analysent avec perspicacité leur mode de vie et nous en donnent à voir un tableau complexe. Elles expliquent comment le système de la polygamie est à la fois source de solidarité entre les femmes et mépris total des sentiments des individus. Tout en discutant des contradictions de leur propre culture, les Turkanas sont également bien conscients de leurs différences avec les cinéastes, et n’hésitent pas à les renvoyer à eux-mêmes, souvent avec un humour délicieux.

LA BOUCANE de Jean Gaumy FANCE - 1984 - 16 MM - 35 MINUTES.
En 1972, Jean Gaumy fait quelques unes de ses premières photographies à Fécamp, dans une “boucane ”, une fabrique de harengs fumés. Particulièrement attiré par l’atelier des “ filetières ”, celui des femmes qui découpent le poisson en filets, il décide de revenir dix ans plus tard leur montrer ses photos et réaliser son premier film avec elles, en toute complicité. Elles sont assises autour d’une grande table, les unes face aux autres. Tout en découpant les harengs, elles parlent et plaisantent entre elles. Ces femmes sont de tous âges, certaines font ce travail pénible et répétitif depuis plus de vingt-cinq ans, toutes débordent d’un enthousiasme, d’une vitalité qui jurent avec la saleté, et la dureté de leur travail. Les hommes déchargent le poisson et le mettent en saumure. Alors que les femmes se mettent à parler d’elles-mêmes, de l’amour, du bonheur, du vieillissement, alors qu’elles fredonnent une chanson, l’intimité et la complicité se dévoilent.


DVD 2 : LE MAITRE DES CHÈVRES - SACRIFICES ET DIVINATION CHEZ LES HAMAR DU SUD DE L’ETHIOPIE de Ivo Strecker (ETHIOPIE, 1984, 16 MM, 44 MINUTES).
« Ceux qui possèdent des chèvres sont forts comme les cordes qu’on ne peut rompre » dit un proverbe hamar. La première partie du film est centrée sur la vie quotidienne des Hamar et se déroule à Dambaiti, résidence familiale de Baldambe, qui explique les subtilités de l’élevage des chèvres, la division du travail et les obligations morales qui existent entre les membres de sa famille. Lorsque le jeune Wollikibu tombe malade, il doit sacrifier plusieurs chèvres, afin que le devin procède à la lecture de leurs entrailles. La deuxième partie du film s’intéresse à cette pratique ancienne qui permet aux Hamar de répondre aux menaces physiques et sociales de la maladie.

AMIR, LA VIE D’UN MUSICIEN AFGHAN RÉFUGIÉ À PESHAWAR, PAKISTAN de John Baily PAKISTAN - 1986 - 16 MM - 53 MINUTES
Entre 1973 et 1977, John Baily mène une vaste enquête de terrain ethnomusicologique sur les musiques urbaines d’Afghanistan, en particulier dans la ville occidentale d’Herat. En 1985, il se rend à Peshawar pour filmer les musiciens afghans réfugiés et retrouve son vieil ami Amir Mohammad. Le film dépeint la vie d’Amir en tant que réfugié, ses conditions de vie à Peshawar et son désir de revenir à Herat, mais aussi sa vie de musicien professionnel et ses relations avec d’autres musiciens. Les réfugiés afghans expriment leurs aspirations à travers des chansons politiques qui ont pour thème la guerre civile en Afghanistan, l’exil, le nationalisme et la révolution islamique.

CUYAGUA, LES DIABLES DANSANTS de Paul Henley VENEZUELA - 1987, remastérisé en 2011 - 16 MM - 41 MINUTES.
Les habitants de Cuyagua, un petit village de quelques 300 personnes sur la côte caraïbe du Vénézuéla, sont les descendants des esclaves africains déportés pour l’exploitation du cacao à l’époque coloniale. La mémoire du passé colonial a été presque entièrement effacée, mais des traces évidentes des traditions culturelles des ancêtres sont conservées dans la célébration des grandes fêtes catholiques, ainsi la “ Danse du Diable ” qui a lieu à l’occasion de la Fête de Corpus Christi, célébrée soixante jours après Pâques. Le film fait le portrait des deux hommes qui dirigent la confrérie masculine des Diables dansants. Ils expliquent comment la fraternité est organisée et racontent quelques-unes des histoires associées à l’événement. L’un des thèmes récurrent est que le diable luimême, qu’ils appellent “ Mandinga ” - un mot sans doute d’origine ouest africaine - peut être attiré par la danse. Mais personne ne s’attendait, encore moins les cinéastes, à ce que Mandinga choisisse de faire une apparition théâtrale alors que la caméra était en train de tourner.


DVD 3 : MAÎTRES DES RUES de Dirk Dumon RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO / ZAÏRE - 1989 - 16 MM - 52 MINUTES - VOST
Maîtres des rues, les peintures populaires du Zaïre. A Kinshasa, dans les boutiques, les bars, les petits ateliers, les murs ont la parole. Langage de la publicité mais surtout de l’histoire, de la mythologie, de la critique sociale. Maîtres des rues, Samba, Moke, Syms, Mbuecky, et autres peintres autodidactes nous offrent leurs visions du rêve et du réel. Avec un humour parfois grinçant, avec une franchise de la forme et du contenu, une explosion artistique originale, filmée dans son contexte de remous social et culturel, nous est proposée par ces “ Maîtres des rues ”.

LES KAYAPOS SORTENT DE LA FORÊT de Michael Beckham BRÉSIL - 1989 - 16 MM - 51 MINUTES
Au début de l’année 1989, les Kayapos s’allient à d’autres Indiens du Brésil pour participer à un regroupement des tribus à Altamira - site pressenti d’un énorme barrage hydro-électrique qui inondera une grande partie de la vallée du Xingu. Le rassemblement est également un événement médiatique qui permet aux Kayapos et à leurs alliés de faire connaître leur situation à la presse internationale. Le film s’intéresse à la capacité des Kayapos à manipuler les médias, tel le chef Rop-ni qui met en scène son arrivée avec la pop-star Sting ainsi qu’aux tensions qui surgissent lors de la planification complexe de la réunion d’Altamira. Un guerrier Kayapo, Payakan, réussit à rassembler autour de cette cause commune, des groupes auparavant hostiles et ennemis. La tension monte lorsque, quelques jours seulement avant la conférence, Payakan est transporté d’urgence à l’hôpital pour une opération chirurgicale, et qu’il devra abandonner son lit d’hôpital pour assurer la survie de l’alliance qu’il a créée.


DVD 4: ZAÏRE, LE CYCLE DU SERPENT de Thierry Michel RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO / ZAÏRE - 1992 - 16 MM - 82 MINUTES
Après trente années d’indépendance et vingt-cinq années de mobutisme… quel avenir pour le Zaïre ? Durant cinq semaines, Thierry Michel a filmé Kinshasa, la capitale du Zaïre. Kinshasa de la mendicité, des marginaux et des laissés pour compte. Kinshasa aussi de la bourgeoisie des affaires, des dignitaires religieux et militaires. Kinshasa enfin des quartiers populaires enterrant leurs morts victimes de la dictature.

ISHI LE DERNIER YAHI (ISHI, THE LAST YAHI) de Jed Riffe, Pamela Roberts ETATS-UNIS - 1992 - 16 MM - 57 MINUTES
En 1492, plus de dix millions d’Indiens peuplaient l’Amérique du Nord. En 1910, ils sont moins de 300.000. Alors que les massacres perpétrés dans les années 1860 et 1870 avaient presque exterminé les Indiens de l’état de Californie, l’apparition soudaine, en 1911, de “ Ishi, le dernier Indien sauvage en Amérique du Nord ”, abasourdit la nation. Pendant plus de 40 ans, Ishi avait vécu caché, avec une petite bande de survivants. Pour le jeune anthropologue Alfred Kroeber, l’apparition d’Ishi fut une extraordinaire opportunité. Kroeber cherchait depuis des années des Indiens “ sauvages, non contaminés ” susceptibles de documenter leur mode de vie traditionnel. Grâce à l’invitation de Kroeber, Ishi put sortir de prison et passa les quatre dernières années de sa vie à travailler en tant qu’informateur et professeur au Musée d’anthropologie de San Francisco. Ishi consacra ces années à raconter les histoires des Yahi et leur mode de vie qu’il connaissait si bien. Sa dignité tranquille et l’absence remarquable d’amertume envers le peuple qui avait détruit sa société a fortement impressionné ceux qui l’ont rencontré.

SANS PÈRE NI MARI de Cai Hua CHINE - 1995 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 26 MINUTES Les Na, agriculteurs de l’Himalaya, en Chine, vivent sans l’institution du mariage. Frères et sœurs vivent ensemble toute leur vie, partagent les tâches ménagères et l’éducation des enfants des femmes. Comme toutes les cultures, les Na interdisent l’inceste, et pratiquent un système de rencontres nocturnes soit occasionnelles, soit durables et connues de tous, à la maison de la femme. Les partenaires de la femme, qui peuvent être multiples, ne portent pas la responsabilité économique des enfants, et les “ pères ” à moins qu’ils ne ressemblent à leurs enfants, ne sont pas identifiés. Ce film montre comment une société peut fonctionner sans père ni mari.

DVD 5 : SIVAS, TERRE DES POÈTES de Werner T. Bauer, Said Manafi TURQUIE - 1995 - 16 MM - 80 MINUTES - VOST
Les Alévis tirent leur tradition religieuse du gendre de Mahomet, Ali, tout comme les chiites iraniens. Toutefois, les Alévis ne se considèrent pas comme des fondamentalistes, mais plutôt comme une communauté libérale et large d’esprit. Dans la culture alévie, une importance particulière est attachée au chant, à la danse et aux fêtes célébrées au sein de la communauté. Les musiciens sont dénommés Ashik, “ ceux qui aiment Dieu ”. Dans leurs chansons, les Ashiks mêlent l’histoire transmise par les générations avec les événements actuels. Ils se considèrent comme les poètes qui continuent à raconter l’histoire et les souffrances de leur peuple. Les Alévis turcs ont été persécutés par la majorité religieuse, les sunnites, à travers les siècles et considérés comme des “ infidèles ”. Avec l’avancée de l’intégrisme islamique, ils sont devenus la cible légitime des fanatiques religieux. Pendant le tournage, l’hôtel dans lequel se réunissaient les Alévis a été incendié par une foule de fondamentalistes causant la mort de 37 personnes, dont quelques uns des poètes et musiciens ayant participé à ce film.

LE PÈRE, LE FILS ET LE SAINT TORUM de Un film de Werner Mark Soosaar. RUSSIE - 1997 - 16 MM - 88 MINUTES - VOST
Deux mondes différents se rencontrent dans ce drame familial documentaire du réalisateur estonien Mark Soosaar. Un monde est conservateur et traditionnel tandis que l’autre est flexible. Père et Fils. Chamane et homme d’affaires. Ils appartiennent tous deux à un peuple sibérien en voie de disparition, les Khantys. Le fils travaille pour une compagnie pétrolière russe qui pompe des millions de barils de pétrole sur les terres ancestrales des Khantys. Son travail consiste à contraindre son propre peuple à vendre ses terres. Le chamane résiste avec son tambour et sa tête d’ours... Le fils prodigue a deux visages. Torum, le dieu principal des Khantys, est lui aussi devenu double sous la pression de la société de consommation....

DVD 6: CONVERSATIONS AVEC DUNDIWUY WANAMBI de lan Dunlop. AUSTRALIE - 1995 - 16 MM - 52 MINUTES - VOST
Principalement composé d’entretiens avec Dundiwuy Wanambi, réalisés entre 1970 et 1982, ce film révèle les luttes d’un homme face aux changements extrêmes induits par l’arrivée d’une mine de bauxite, d’une ville minière et de l’alcool. Ce film issu du programme The Yirrkala Film Project, une série de 22 films documentaires réalisés par Ian Dunlop sur une période de trente ans, avec les Yolngus, peuple aborigène du nord-est de la terre d’Arnhem (Australie). Yirrkala était une mission isolée jusqu’à la découverte d’une énorme mine de bauxite à la fin des années 1960. L’un des thèmes majeur de cette oeuvre cinématographique au long cours est l’impact de la mine et de la ville minière sur les Yolngus. Leur résilience et leur culture rayonnent en dépit des énormes perturbations qu’ils subissent. Les Yolngus quittent les villes et réserves pour se réinstaller sur les sites importants de leurs territoires ancestraux et y bâtir des petites communautés. La naissance de ce mouvement de décentralisation, la relation complexe entre les gens et leurs clans, les rituels et l’art sont les thèmes qui parcourent cette série, tandis que l’importance de la terre y est toujours présente…

LE DÉPART de Damien de Pierpont. JAPON - 1998 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 52 MINUTES - VOST

Au Japon, on dit aux enfants que les morts deviennent des étoiles. En 1987, un jeune Européen a vécu pendant plusieurs mois à Tokyo, dans une famille japonaise. Très vite, ces gens sont devenus pour lui une seconde famille. Quelques années plus tard, Otosan, le père, meurt d’un cancer. Trois ans après cette mort, ce jeune Européen, devenu réalisateur, nous emmène à la rencontre de sa famille d’adoption. Ce regard privilégié nous dévoile un Japon inattendu, bien éloigné des idées reçues ; un Japon vu de l’intérieur, dans l’intimité d’une famille qui, doucement, apprend à dire au revoir à l’absent. Ces peines et ces joies, vécues au quotidien, font étonnamment écho à nos propres questions et aux réponses que chacun tente d’y apporter.

MOUT TANIA - MOURIR DEUX FOIS de Ivan Boccara MAROC - 1999 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 56 MINUTES - VOST
Mout Tania, “ la deuxième mort ”, c’est le nom que Hammadi, paysan berbère d’une soixantaine d’années, a donné à la vallée isolée où il vit en autarcie avec sa femme et ses enfants, au cœur du Haut-Atlas marocain, à 250 kilomètres de Marrakech. Ce film retrace la vie quotidienne d’une famille berbère. Pour subvenir aux besoins des siens, Hammadi a construit des moulins à grains, des ruches et produit son électricité avec l’eau du torrent. De près et de loin, des Berbères viennent pour le voir, pour moudre leur grain et lui acheter du miel. La famille d’Hammadi fait partager sa joie de vivre dans cette montagne aride et minérale d’où elle tire ses principales ressources en luttant avec les forces de la nature. Trace d’un mode de vie du passé et exemple actuel d’adaptation admirable de l’homme à son milieu, le choix de vie d’Hammadi bouscule nos représentations.

DVD 7 : CHEF ! de Jean-Marie Teno. CAMEROUN - 1999 - 35 MM - 61 MINUTES - VOST
« Chef ! » est une chronique documentaire des épreuves et des tribulations de la vie quotidienne sous une dictature. Pendant le mois de décembre 1997, Jean-Marie Teno est témoin de plusieurs événements troublants au Cameroun : dans son village, un jeune garçon est presque lynché par une foule pour avoir volé une poule et 4 poussins - une « justice populaire » dans un état de non-droit. Il se rend à un mariage et apprend que, par la loi, le mari est le chef de la famille. Un journaliste très respecté est emprisonné sans procès pour avoir écrit un article sur la santé du président. Au départ, ces incidents semblent sans rapport, mais en les regardant de plus près, ils révèlent des tendances inquiétantes aujourd’hui au Cameroun, Jean-Marie Teno comprend qu’ils sont tous liés au problème généralisé de l’abus de pouvoir dans une société autoritaire. « Chef ! » réunit ces événements apparemment anodins pour mener une réflexion personnelle de l’état actuel de la société camerounaise, avec ses hiérarchies, ses inégalités et le manque de respect des droits de l’homme, qui sont les sous-produits de toute dictature.

INDO PINO de Martine Journet, Gérard Nougarol- INDONÉSIE - 2002 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 84 MINUTES - VOST
Indo Pino peut aller de l’autre côté de la nuit. Elle est chamane wana sur l’île de Célèbes (Sulawesi). Victime d’une grave maladie, elle est soignée par d’autres chamanes. Tout en filmant les différents rituels de guérison, les réalisateurs entreprennent de donner à Indo Pino des médicaments français. Quand ils reviennent neuf mois plus tard, Indo Pino est guérie. Elle explique les effets du rituel sur son corps malade et livre sa perception étonnante de la médecine occidentale et de la relation particulière qui l’unit à Martine Journet en les intégrant naturellement à son propre système de représentation de la maladie et de l’être humain.

DVD 8 :UNE FAMILLE DU KALAHARI - LE MYTHE ASSASSIN de John Marshall, Claire Ritchie NAMIBIE - 2003 - VIDÉO - 86 MINUTES - VOST
En 1992, alors que l’indépendance de la Namibie déclenche un afflux d’aides internationales sans précédent en faveur des Ju/’hoansi, un peuple autochtone vivant dans le désert du Kalahari, ceux-ci se plaignent que les organismes de développement ne soutiennent plus l’agriculture. Les efforts de John Marshall et des fermiers ju/’hoansi pour trouver des subventions pour leur fermes se heurtent à un préjugé puissant, réduisant les Bochimans à des chasseurs seulement capables de vivre en harmonie avec la nature, et leur déniant toute capacité à s’adapter à une nouvelle économie et à survivre sans aide.
Une famille du Kalahari est une série de 6 heures consacrée à la vie des Ju/’hoansi pendant une période 50 années, depuis l’époque d’un mode de vie traditionnel jusqu’à celle où leur existence même a été menacée par une modernité envahissante… Les films ont joué un rôle dans la lutte politique des Ju/’hoansi pour conserver une partie de leurs terres ancestrales, mais la collection est tout aussi importante de par le témoignage qu’elle apporte sur l’aide étrangère et les organisations non gouvernementales qui se sont massivement répandues en République de Namibie après l’indépendance.

LES MINEURS de Hongfeng Zhang. CHINE - 2003 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 52 MINUTES - VOST
Dans la province du Shanxi (sud-ouest de Pékin), des paysans travaillent, au péril de leur vie, dans des mines de charbon pour compléter les maigres revenus que leur rapporte la terre. Ces petites mines, dont à une époque il en exista près de 6000, ferment les unes après les autres pour des raisons de sécurité et à cause de la pollution qu’elles engendrent. La préparation et la célébration de la cérémonie des offrandes aux dieux de la mine sera peut-être la dernière du village de Zhong. Ce documentaire indépendant, filmé en vidéo légère, révèle le regard discret porté par le réalisateur sur des femmes et des hommes qui lui sont très proches, puisque plusieurs font partie de sa famille.

SIDHESWRI ASHRAM - UNE JOURNÉE DANS UN RESTAURANT COMMUNAUTAIRE DE CALCUTTA de Virginie Valissant-Brylinski, Bénédicte Jouas INDE - 2004 - VIDÉO NUMÉRIQUE - 40 MINUTES - VOST
Le jour se lève sur Calcutta et dans la cuisine du Sidheswri Ashram, petit restaurant communautaire bengali. Anil ravive les braises du feu... La journée sera simple et riche pour ceux qui vivent là. Solidarité et tolérance sont les mots clés de ce lieu hors du temps.

DVD 9:GRAND-MÈRE TAIMAGURA de Yoshihiko Sumikawa JAPON - 2004 - 16 MM - 110 MINUTES - VOST
C’est peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, que Masayo Mukaida s’installe à Taimagura, sur les contreforts du Mont Hayachine, pour se marier et consacrer sa vie à la culture de la terre. Masayo se fait appeler « Grand-mère Taimagura » et sourit gaiement. « Cet endroit est le paradis », dit-elle en sirotant du thé. Qu’est-ce qui lui donne tout ce bonheur alors qu’elle vit dans un environnement tellement rude et isolé ? Grand-mère Taimagura silencieusement écoute. Elle parle aux montagnes, aux arbres, aux vents, à la terre et à l’eau, elle aime sa vie sans pourtant tomber dans l’autosatisfaction. Les années passent, elle ne manque jamais de terminer son travail saisonnier. Pendant quinze ans le réalisateur a suivi sa vie quotidienne, puis grand-mère Taimagura est décédée à l’âge de quatre-vingt-un ans. Mais elle vivra éternellement dans le film, et continuera à témoigner d’une sagesse universelle.

CABALE À KABOUL de Dan Alexe AFGHANISTAN - 2007 - 35 MM - 87 MINUTES - VOST
Il était une fois Zabulon et Isaac, les deux derniers juifs d’Afghanistan... Partageant la cour de l’ancienne synagogue de Kaboul, ils se détestent on ne peut moins cordialement depuis une décennie. Au rez-de-chaussée, le vieil Isaac vit chichement des revenus qu’il tire de ses amulettes kabbalistiques et autres charmes vendus à ses voisins musulmans. A l’étage, Zabulon, plus opulent, la cinquantaine usée, marchande avec les mêmes Afghans son vin fabriqué clandestinement. Le peu de paroles qu’ils s’adressent tourne systématiquement à l’invective et à l’insulte. Les raisons de cette haine, quoique demeurant troubles, remontent apparemment au temps des Talibans, qui avaient toléré leur présence. Une « mansuétude », dont l’un et l’autre se rejettent la faute : celle d’avoir pactisé avec l’ennemi. Coincé entre les deux hommes dont il partage alternativement la table - ce qui ne va pas sans susciter leurs reproches - Dan Alexe construit une tragi-comédie, écho contemporain aux légendes bibliques. Isaac et Zabulon se disputent leur légitimité juive et les attentions du cinéaste. C’est que ce dernier parle leur langue et les connaît de longue date : il leur avait déjà consacré un film dont on lui a volé les bobines. Grâce à cette intimité, Dan Alexe parvient à construire une histoire, certes empreinte de cruautés, mais surtout truffée de scènes cocasses et réjouissantes, comme la première apparition hors champ de Zabulon, lançant une flambée d’insultes à Isaac, parachevée par un « triple goy » peu orthodoxe. Car même si la mort et l’indifférence des proches rôdent, la comédie et l’ironie, ici, ne capitulent jamais!

DVD 10:UN DIMANCHE À PRIPIAT de Blandine Huk, Frédéric Cousseau. UKRAINE - 2006 - VIDÉO - 26 MINUTES - VOST
Quelque part en Europe se trouve une zone interdite. Au cœur de cette zone, Pripiat était une citée modèle où vivaient 50 000 personnes. Le 26 avril 1986, un ennemi invisible a obligé les habitants à quitter les lieux.

CUBA, L’ART DE L’ATTENTE de Eduardo Lamora CUBA - 2007 - VIDÉO - 80 MINUTES - VOST.“
Le vrai exil, c’est le retour ”. Trente ans après en être parti, Eduardo Lamora retourne à Central Guatemala, son village natal à Cuba, où le temps semble s’être arrêté depuis la fermeture de l’usine de sucre, ancien poumon économique local. Qu’est-il advenu de cette grande utopie de la société sans classes qu’était la Révolution, à l’heure où se profile la disparition de Fidel Castro ? État des lieux à travers le portrait d’une famille ; si les vieux, comme son père, chantent encore la gloire de “ Papa ”, les autres disent leurs difficultés, leurs frustrations, leurs désillusions, mais aussi leurs ruses pour grignoter quelques espaces de liberté. Ce film est également un bel hommage et une déclaration d’amour à sa mère, le premier exil n’est-il pas la rupture d’avec le ventre ?

LES MURSIS CAMÉRA AU POING de Olisarali Olibui, Ben Young ETHIOPIE - 2009 - VIDÉO HD - 55 MINUTES - VOST
Au cœur de la vallée fertile de l’Omo en Ethiopie, les Mursis sont un peuple de pasteurs nomades dont le gouvernement est basé sur le consensus et la sagesse des anciens. Ils migrent saisonnièrement pour faire paître leur bétail, mais se trouvent désormais entourés de trois parcs nationaux, dans lesquels ils ne sont pas autorisés à entrer avec leurs troupeaux. Des routes sont en cours de construction, qui traverseront leurs terres et entraîneront le développement du tourisme et de la chasse de loisir. Les Mursis et leur culture sont menacés. Olisarali Olibui, chef de son groupe d’âge et locuteur anglophone, filme sa société, capturant une image sincère des Mursis et de leurs coutumes alors qu’ils sont confrontés au monde moderne et qu’ils se battent pour protéger leur mode de vie et leur identité.

 

 
présentent
 
Filmer le monde - les prix du festival Jean Rouch