Editeur : Carlotta-Films. novembre 2007. Nouveau master restauré. Version Originale / Version Française Sous-Titres Français & Espagnol Format 1.77 Durée du Film : 1h44. Prix public conseillé : 19.99 €
Suppléments:
Ana réagit par le désir de meurtre et le refuge dans l'imaginaire à la perte de l'affection de sa mère. Dans le cadre clôt d'une maison madrilène, passé et présent, réalité et imaginaire se confondent.
Carlos Saura complexifie sa fiction par l'intervention en plan fixe, regard caméra, de Ana devenue grande qui commente son enfance depuis un temps à venir situé vingt ans plus tard, aux environs de 1995. Ce point de vu souffrant mais apaisé ainsi que les derniers plans du film hors de la maison disent l'espoir d'un avenir qui aurait échappé à l'omniprésence de la mort et du régime franquiste qui vit alors sa dernière année.
La mort omniprésente
Le film s'ouvre par le décès du père alors qu'il fait l'amour avec la femme d'un de ses amis, camarade de promotion. Ana semble moins préoccupée de la mort de son père que de nettoyer le verre qui contient la mystérieuse poudre banche qu'elle y a mis. Cette poudre n'est pas mortelle. Ana à 25 ans se contente d'affirmer qu'elle voulait tuer son père avec cette poudre dont sa mère lui avait dit qu'une cuillerée pouvait tuer un éléphant. Et Saura montre distinctement qu'il ne s'agit que d'une boite de bicarbonate de soude.
Le désir de mort d'Ana se multiplie pourtant. Sous forme de comptine, elle fait mourir ses surs lorsqu'elles sortent de leur cachette, elle est prêtre à euthanasier sa grand-mère, célèbre une cérémonie funèbre pour son cochon d'inde et croit tuer sa tante Paulina en mélangeant la poudre à son lait du soir.
Le traumatisme du manque d'affection
Ana a perdu sa mère. Elle s'en remet d'autant moins qu'elle déteste son père et ne trouve qu'un maigre réconfort avec sa grand-mère et la bonne. Celle-ci semble tout droit sortie de Cris et chuchotements, où seule la bonne opulente était encore capable d'amour envers Agnès. La scène de la mort de la mère d'Ana, (corps blanc exsangue et souffrant et rouge du sang) est aussi une réminiscence du film de Bergman sorti trois ans plus tôt.
Ana est une enfant hypersensible et mystérieuse. Face à la douleur de sa mère et l'indifférence de son père, elle se réfugie dans un monde clos et parle peu. L'origine de son de mutisme, proche de l'autisme, provient en grande partie du sentiment de culpabilité envers la mort de son père qu'elle refoule. Culpabilité qui ne trouve qu'à se renforcer dans les remarques des adultes. Celles de Paulina mais aussi celle de Rosa lorsque Ana essaie d'allaiter son poupon et qu'elle lui dit qu'elle ne sait pas s'y prendre, qu'elle n'est bonne à rien.
Le tour de magie de la poudre dans le verre n'ayant pas fonctionné, Anna se doit de sortir de ce monde clos, de cette villa à la piscine à sec. C'est la fin des vacances, du repli sur soi. Sans doute l'ouverture au monde sera bienvenue pour Anna comme pour l'Espagne
Michelle Delalix le 21/11/2007
L'Album d'Ana, une Mémoire de l'Espagne par Claude Murciat (0h27)
Importance du corps de l'acteur, et particulièrement de Ana.
Le regard de Ana ne relève pas de l'expressivité mais
d'une retenu hypnotique et fascinante.
Rhétorique du détour pour affronter la censure. Personnalité
antifranquite. Le film parle de la perte, du deuil, de l'imaginaire
enfantin. I est illuminé par le visage de Ana Torrent. La musique
contribue beaucoup aussi au succès du film. Hay, Maricruz
de Valverde, Leon y Quiroga, chantée par Imperio Argentina, est
liée à la grand mère. Cancion y danzas n°5
de Federico Mompou est liée à la mère et Porque
te vas ? de J L Perales, chantée par Jeanette (Ana) est
liée à Anna, à l'abandon.
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