Editeur : Carlotta-Films, juillet 2008. Nouveaux masters restaurés, versions originales, sous-titres français. DVD1 : No Room for the Groom. DVD2 : Qui donc a vu ma belle ?

Suppléments:

  • DVD1 : Souvenirs de Groom (11mn) : Tony Curtis se souvient de ses débuts devant la caméra et du tournage du film. - Fille d'Eve (12mn) : Piper Laurie évoque son partenaire Tony Curtis et les problèmes survenus sur le plateau.
  • DVD2 : La comédie humaine de Douglas Sirk (27mn) : analyse par Pierre Berthomieu, spécialiste du cinéma hollywoodien. - Plaisirs sur le plateau (29mn) : Piper Laurie et Gigi Perreau évoquent leurs débuts de carrière et le tournage du film. - Bande-annonce

 

No room for the groom : Alors qu’il vient juste d’être appelé sous les drapeaux, Alvah s’enfuit à Las Vegas en compagnie de sa petite amie Lee pour se marier en secret. À peine installé à l’hôtel, Alvah est atteint de la varicelle et conduit tout droit à l’hôpital. Privé de sa nuit de noces puis soigné, il embarque pour la Corée. De retour, persuadé de pouvoir rattraper le temps perdu,

Qui donc a vu ma belle ? Samuel G. Fulton avait, dans sa jeunesse, proposé le mariage à une jeune fille prénommée Millicent. Mais celle-ci avait refusé. Quarante ans plus tard, et après être devenu milliardaire, il pense à ce qu’il serait devenu si cette dernière avait accepté et décide de léguer la totalité de sa richesse à la famille de Millicent – désormais décédée – pour la remercier de son refus. Le vieil homme part pour Hilverton afin d’observer la famille.

Pour Pierre Berthomieu Qui donc a vu ma belle ? (1952), Meet me at the fair (1952), Take me to town (1953), comédies rurales et conjugales, forment une trilogie sur l'Amérique provinciale à laquelle on peut ajouter d'autres comédies sur le couple comme The lady pays off (1951), Week-end with father (1951) No room for the groom (1952), Week end for father et Sligthy french (1949) sur le milieu du spectacle.

Les films comiques de Sirk complètent son tableau de l'Amérique que dessineront bientôt en majeur ses mélodrames. Douglas Sirk revendique pleinement ces comédies : "On me permettait au moins de travailler sur les textes. Il fallait que je suive les règles, que j'évite les expérimentations, que je fasse des happy-end mais La Universal n'est jamais intervenue ni sur le travail à la caméra ni sur mon montage". Ce qui est évidemment fondamental pour ce cinéaste qui, selon ses mots, exprime ses vues au travers de ses éclairages et des angles de sa caméra.


Qui donc a vu ma belle ? trouve un ton médian entre le lyrisme du Chant du Missouri (Vincente Minnelli) et la satire évoquée par les images coquines de John Held qui forment le générique. Pour Sirk, les personnages vivent au milieu des normes visuelles qui les environnent et les conditionnent. D'où au début de No room for the groom les mains des deux futurs mariés en gros plan qui enchaîne sur la pancarte publicitaire pour les marieurs professionnels de Las Vegas. Mais l'on va retrouver dans beaucoup de ses films, un décor de manoir, des petites villes avec la même parure automnale et l'arbre fétiche et protecteur et ce aussi bien dans les comédies que dans les mélodrames qui partagent les mêmes palettes de couleur et d'atmosphère. Le style de Sirk est en effet très codé. Il détache des teintes très saturées et les répète en des échos et des familles de couleurs. Costumes, décors et personnages se répondent alors dans une même affirmation de l'artifice.

Les films de Sirk mélangent questions familiales et questions financières où la famille gentille devient infernale, où la vénalité transforme en rapace la majorité des membres de la famille. dans Qui donc a vu ma belle ? comme dans No room for the groom, Sirk oppose les innocents et les bourgeois. Ces films avec leur finesse comique partagent la sensibilité lumineuse de Tout ce que le ciel permet.

Légèreté et comique se mêlent dans No room for the groom : couloirs, chambres et cuisine sont progressivement envahis par la belle-famille toujours plus nombreuse et empêche l'intimité du couple. On est loin ici des mélodrames furieux où se combinent frustration et autodestruction et sans doute plus proche des mélodrames intimes où la parole est feutrée. La richesse factice et hypocrite, la douceur du style aplanie en surface cette aigreur de vue mais, en fait, elle l'accentue quand ce style tranquille s'applique à des émotions dont elle emprisonne la violence et empêche la libération telle la séquence de la parade dans Tout ce que le ciel permet.

Sirk a le goût des miroirs et des reflets, des espaces profonds et des compositions fragmentées. Le cinéma romanesque a de toute façon la passion du miroir. Par ses reflets, Sirk suggère quantité de prolongements possibles : il insinue la dualité d'un personnage et rend évanescente et fuyante telle scène dont il préfère le reflet à la version réelle. Les spectaculaires découvertes à la grue révèlent son talent classique d'organisateur de l'espace. L'encadrement, la géométrie des décors guide inconsciemment le regard. Que sont donc ces maisons et magasins qui ne se traduisent qu'en obstacles ? Que sont ces images dont les sujets se dérobent derrière des obstacles et dont les thèmes visuels sont eux même des reflets ou des visions ?

Piper Laurie et Gigi Perreau évoquent le tournage du film

 

 

Carlotta-Films
 
présente
 
Coffret deux comédies de Douglas Sirk